Plusieurs des traditions et croyances populaires évoquées ci-dessous et profondément ancrées dans la période de Noël ont survécu jusqu'à nos jours en perdant toutefois leur sens originel. Alors, remontons le temps pour tâcher de le retrouver...
Origine latine "natalis dies", qui signifie "jour de la naissance".
Origine Gauloise "noio hel" ou Grecque avec "neo helios" voulant dire "nouveau soleil" soit la renaissance du soleil au moment du solstice d’hiver.
Origine Nordique avec "yul" (gehol en vieil Anglais), fête du solstice d'hiver.
Pourquoi fête-t-on Noël le 25 décembre :
Au IV siècle de notre ère, le pape Liberius et sous le règne de l'empereur Constantin, décida d’adopter la date symbolique du 25 décembre pour fixer la naissance du Christ et donc célébrer Noël. Il transforma les fêtes païennes liées au solstice d'hiver en fêtes Chrétiennes.
Ces anciennes fêtes païennes permettaient aux gens de se retrouver pour fêter la renaissance du jour en espérant le retour du soleil, des beaux jours et de récoltes abondantes.
Le mot solstice vient du latin "Sol Stare" qui signifie "soleil à l’arrêt" car pendant quelques jours la longueur des jours et des nuits ne varie quasiment pas.
Le 1er Noël Chrétien :
L'histoire du 1er Noël Chrétien apparaît dans les évangiles de Luc et Matthieu. Je vous en propose ici un extrait : "En ce temps-là, en Palestine, chacun devait se rendre dans sa ville natale pour le recensement ordonné par l'empereur Romain. A Nazareth vivait un charpentier nommé Joseph. Sa jeune épouse, Marie, attendait un enfant car Dieu l'avait choisie pour être la mère de son fils. Marie et Joseph firent une longue route pour rejoindre Bethléem, la ville de David, où Joseph était né. Or, l'heure de la délivrance vint et les voyageurs durent s'abriter dans la campagne car il n'y avait pas de place pour eux à l'auberge. Marie mit au monde un fils, l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire à bestiaux. Des bergers gardaient leurs troupeaux dans les champs alentour. Soudain, ils virent une grande lumière dans le ciel, puis un ange leur annonça la naissance du sauveur. Ils allèrent se prosterner devant le nouveau-né. Des mages d'Orient avaient vu se lever une mystérieuse étoile qui les guida jusqu'à Bethléem. Ils s'agenouillèrent pour adorer Jésus et lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe."
L’avent :
L’avent est une période de 4 semaines comportant 4 dimanches et qui se termine le soir du 24 décembre. Traditionnellement, on laisse se consumer une bougie chaque dimanche. C'est un moment de préparation de la fête. Autrefois, dans l'est de l'Europe, il n'était pas rare de s'offrir des petits présents pendant cette période ce qui donna plus tard le calendrier de l'avent que nous connaissons tous aujourd'hui.
Ce nom désignant une mangeoire à bestiaux est devenu synonyme de la scène de la nativité. Vers 1223, St François d’Assise célèbre la messe de minuit en créant la première crèche vivante grandeur nature. Si cette crèche laissa un souvenir durable, elle n’est peut-être pas à l’origine des crèches actuelles. Il faut plutôt chercher cette origine dans les drames liturgiques (sorte de petites pièces de théâtre jouées dans les églises et représentant des scènes de la bible dont celle de la nativité). Ces drames liturgiques, joués au moyen âge, furent interdits en 1677. Ces scénettes interdites prirent alors la forme de monuments fixes dans les églises. C’est à ce moment que les 1ères crèches d’église apparurent pour la période de noël. Elles furent ensuite miniaturisées pour devenir personnelles, d’abord dans les maisons des gens de classes aisées avant de toucher toute la population.
Le sapin :
De nombreuses civilisations ont vénéré les arbres au moment du solstice d'hiver en décorant leurs demeures de verdure. Chez les Celtes un arbre était rattaché à chaque mois lunaire. A décembre correspondait l'épicéa. On peut aisément comprendre la symbolique de l'arbre toujours vert au moment où la nature est complètement dépouillée.
Sur l’ancien calendrier des Saints, on fêtait Adam et Eve le 24 décembre et ils étaient représentés devant un arbre décoré de pommes.
La coutume du sapin de Noël en France ne s’est véritablement répandue que vers 1870 même si son apparition est attestée dans la ville de Sélestat en Alsace dès 1521.
Si l’on recherche plus loin, le symbole du sapin illuminé pourrait aussi venir du mythe païen universel et très ancien de l’Arbre de Feu. Ce mythe est en fait l’histoire du don du feu à l’humanité. La foudre aurait enflammée un arbre puis l’homme aurait dérobé ce feu.
Le sapin (comme Yggdrasil, l'arbre monde de la mythologie Scandinave) a symboliquement une connexion avec les 3 mondes : le monde souterrain par ses racines, le monde des hommes par son tronc et le monde divin par ses branches.
Le houx et le gui :
Comme le sapin, le houx et le gui restent toujours verts et font des fruits même en hiver. Ils ont toujours été présents pour décorer les foyers au cœur de la saison froide. Ils symbolisaient la vie et la renaissance.
Les boules :
La légende dit que les premiers sapins étaient ornés de papiers colorés et de fruits. Mais un hiver ou les pommes manquaient un verrier Alsacien aurait fabriqué des boules de verre décoratives.
Les cadeaux :
Dans la tradition Chrétienne, ils symbolisent les offrandes (or, myrrhe et encens) offertes à Jésus par les Rois Mages. Quant aux étrennes, elles viennent de l'antiquité Romaine et des offrandes faites à la déesse Strénia lors des Saturnales. Saturne était le Dieu des semailles que l'on honorait au solstice d'hiver afin d'espérer voir le retour de la belle saison avec des récoltes prometteuses. Si les cadeaux sont ,avant tout, offerts aux enfants c'est parce qu'ils représentent les "graines" de l'avenir.
Le repas de réveillon :
Autrefois, avant de partir à la messe minuit, on mangeait des plats maigres puis on faisait bombance en rentrant. Décembre était le moment d'abattage du cochon et l'on mangeait volontiers du boudin et des charcuteries. Le canard et l'oie viennent du sud-ouest quant à la dinde, elle fut rapportée du Mexique par les Jésuites. En Provence, il est de tradition de manger 13 desserts faisant référence à la Cène.
La bûche :
En Europe, il était de tradition de brûler une bûche pendant la veillée de Noël. Celle-ci devait se consumer au moins 12 heures et parfois jusqu'à 12 jours. Les cendres qui en étaient récoltées fertilisaient la terre et, selon la légende, apportaient bonheur et protection. Un tison du feu était conservé pour rallumer la bûche l'année suivante. Lorsque les cheminées ont commencé à disparaître des maisons, la bûche est devenue une bûche décorée que l'on plaçait au centre de la table pour ensuite devenir une pâtisserie.
Les souliers au pied du sapin ou de la cheminée :
Cette tradition est probablement un vestige de l'ancienne tradition qui voulait qu'on mette aux pieds des défunts des chaussures solides (parfois neuves) afin qu'ils puissent effectuer le long voyage vers l'au-delà dans de bonnes conditions (le chemin étant malaisé).
Il faut rappeler que la période de Noël correspond au solstice d'hiver soit le moment où le soleil semble s'arrêter et où la peur qu'il ne revienne pas était exacerbée. C'était un temps d'ouverture du ciel avec une communication possible entre les 2 mondes, un temps de l'année relié à la mort (une année meurt) mais aussi à la vie (une année naît). Noël est à la fois un moment de célébration de la mort (nos disparus) et de célébration de la vie (nos enfants). Le soulier est également un symbole de fertilité donc de la naissance.
La cheminée :
La cheminée est une véritable ouverture vers le ciel en même temps qu'il s'agit d'un endroit noir, un de ces endroits mystérieux et magiques de la maison (comme la cave ou le grenier). A l'époque médiévale, c'était une voie vers l'au-delà où esprits et diables se glissaient parfois. C'est aussi l'endroit qu'utilisent St Nicolas et les anges pour distribuer des présents. On retrouve une fois encore la dualité bien/mal, mort/vie, fin/renouveau propre à cette période de solstice d'hiver. De nos jours, ne subsiste que la "magie" de la descente du Père Noël par la cheminée. La plupart des parties "sombres" de Noël se sont effacées au profit du "positif" et du "merveilleux".
L’épiphanie :
Noël se termine réellement le 6 janvier, jour de l’épiphanie. Pour les Orthodoxes, l'épiphanie, plus importante que Noël, est fêtée depuis le 4ème siècle de notre ère. Pour les Chrétiens, elle représente l'arrivée des Rois mages auprès de l'enfant Jésus. C'est aussi le jour du baptême du Christ. Dès le Ve siècle, l’église donna une grande importance à cet événement.
Les 3 rois mages venus adorer Jésus le 6 janvier auraient été guidés par une étoile annonciatrice de la naissance d'un messie. Ils sont porteurs de cadeaux : Gaspard représentant l'Asie apporte l'encens, Melchior représentant l'Europe apporte l'or, Balthazar représentant l'Afrique apporte le myrrhe. Ce sont les 1ers donateurs de la religion Chrétienne. Une légende dit qu'il existerait un 4ème roi mage. A découvrir en bas de page ici
La mystérieuse étoile des mages : D'après l'astrophysicien Michel Marcellin (chercheur au CNRS), il ne peut s'agir d'une étoile filante (trop éphémère) ni de la comète de Halley qui était probablement passée une soixantaine d'années avant la naissance supposée de Jésus. En revanche, il se pourrait qu'un phénomène céleste arrivé 7 ans plus tôt soit à l'origine de cette légende. En effet, les planètes Jupiter et Saturne se sont rapprochées 3 fois la même année, ce qui fut très certainement repéré par ces mages astronomes.
La galette des rois :
La galette des rois est une tradition typiquement Française. Il semble qu'elle existe depuis le XIVe siècle. On la déguste le 6 janvier, jour de l’épiphanie (mot issu du grec signifiant « apparition ») ou bien le 1er dimanche de janvier. Autrefois, on gardait une part supplémentaire (la part du "Bon Dieu" ou part de "La Vierge") que l'on destinait au premier pauvre qui se présenterait mais parfois aussi en prévision de la visite surnaturelle d'un défunt de la famille. La fève est associée à une promesse de vie et de fertilité, c'est le germe à venir.
Le cycle des 12 jours : En France, selon les régions, le temps de Noël pouvait aller de début décembre jusqu’à la chandeleur. Le plus souvent, il désignait les 12 jours qui vont de Noël à l'épiphanie, le 6 janvier.
Au début du 20ème siècle, Noël était préparé différemment d’aujourd’hui. Il n'y avait ni débauche de décorations ni débauche de cadeaux. En cette période où les travaux des champs étaient à l'arrêt, on faisait un grand nettoyage de la maison en attendant Noël.
Plusieurs croyances sont reliées au cycle des 12 jours. La plus connue est de prédire le temps des 12 mois de l’année. Cette période hivernale sombre et froide angoissait les gens qui avaient besoin de se rassurer sur les futures récoltes, entre autres choses.
La nuit des merveilles : Le Christianisme a remplacé les anciens cultes païens du solstice d'hiver par la naissance du Christ. Dans le culte Chrétien, cette naissance miraculeuse, porteuse d'espoir, apporte la lumière au monde et fait disparaitre les peurs ancestrales liées à l’hiver, à la famine et à la mort. C'est une nuit extraordinaire où tout peut arriver.
En de cette "nuit des merveilles", les légendes sont légions : c'est lors de cette nuit que l'on peut trouver des trésors cachés pendant que sonne minuit, c'est le moment de rapporter une branche de coudrier qui deviendra un rameau d'or et aura des pouvoirs magiques comme les baguettes des fées, c'est l'instant ou les défunts peuvent visiter les leurs, c'est la nuit ou les animaux de la maison sont doués de la parole...
On disait également que les enfants nés le 25 décembre avaient des pouvoirs magiques... ils savaient retourner le mauvais sort, ils voyaient les fantômes et ainsi faisaient le lien entre le monde des vivants et celui des morts.
Sources et références consultables en rubrique "sources" en page 21 de ce blog.