18. Contes de ma plume

Je suis très heureuse de vous présenter 10 contes de Noël de ma plume. Les 7 premiers (destinés aux enfants à partir de 4 ans) sont imprimés en livre sous le titre "Contes pour la veillée de Noël - A lire au coin du feu". Pour les 2 autres, qui sont plus longs, je vous les propose à la lecture ci-dessous. Ils sont adaptés aux enfants à partir de 8-10 ans ainsi qu'aux adultes ayant gardé une âme d'enfant.




Auteur : Muriel Jorry.
Contes protégés. 
Diffusion et reproduction partielle ou totale interdites. 



Les contes "Nora à la rencontre du monde magique" et "Le conte du bonhomme hiver" sont « médaillés d’or » au concours littéraire international 2015 des Ateliers d’arts de Servon sur Vilaine dans la section « contes et fables ». 257 participants au total dont 21 dans la section « contes et fables ».





Le conte du bonhomme hiver


Chapitre un : Une prison dorée

- Maman, maman, regardez ce que nous avons reçu au courrier du matin !

– Clémence, cessez de hurler de la sorte. Une jeune fille de bonne famille ne pousse pas de tels cris !

– Je vous prie de m’excuser, maman, mais je suis tellement heureuse ! Nous avons reçu le programme du carnaval. Il aura lieu mardi prochain et on annonce la cavalcade du mardi gras, suivi du défilé des chars de bienfaisance. Il y aura aussi un grand repas de fête et l’on brûlera Monsieur carnaval. Maman, puis-je y participer ?

Oh ! dites-moi oui, dites-moi oui ! Je pourrais réciter des poèmes sur l’un des chars avec quelques-unes de nos voisines. Cela rapporterait un peu d’argent pour les indigents. Oh! maman, dites oui, s’il vous plaît !

– Il n’en est pas question ! Je déteste ce genre de manifestation. Petite, comme votre papa, je n’étais pas bien riche. Désormais, je souhaite que nous gardions notre rang dans la haute société.

Mme NIKOLAZ reprit son souffle et continua :

– Non, croyez-moi, ma chère enfant, cette fête des fous n’est pas pour nous. Je vous interdis d’y participer. Pensez que pendant quelques jours l’ordre des choses y est inversé, ce qui est absolument indécent. Maintenant retournez à vos leçons et plus un mot sur ce sujet. Le débat est clos, m’avez-vous bien comprise ?

Sans mot dire, la jeune fille reprit le chemin de sa chambre où sa sévère préceptrice l’attendait pour une leçon de géographie. Le cours fut bien plus long et difficile que d’habitude. Le cœur serré, Clémence ne pensait qu’à cette si merveilleuse fête qu’elle allait manquer. Elle se souvenait des enfants aperçus l’an passé. Ils étaient tous déguisés et avaient l’air si heureux. Il lui semblait que c’était un moment hors du temps où tout était permis, même les envies les plus folles. Mais, comme toujours, papa et maman refusaient catégoriquement que la famille prenne part aux festivités.

Ce soir-là, le dîner fut bien triste et comme d’habitude il fallut garder un pieux silence qui fut encore plus pesant que d’ordinaire.

Clémence se réveilla très tôt le lendemain. Dans cette aube grise et froide, elle ne ressentait que du chagrin. Les murs austères de sa chambre lui paraissaient si sinistres que les larmes se mirent à couler sur ses joues roses. Certes, elle ne manquait de rien car sa famille était fort riche depuis plusieurs années, mais alors d’où venait cette impression de tristesse infinie et de solitude ?

L’heure tourna et elle fut brutalement tirée de sa rêverie par Jeannette, la femme de chambre. Jeannette était douce et gentille.

Clémence avait toujours eu pour elle une grande tendresse.

– Mademoiselle, il est temps de vous vêtir. Vous n’avez pas oublié que nous sommes lundi et que votre grand-mère vient déjeuner ce midi ?

– Oh! mon Dieu, si, j’avais oublié.

Elle poussa un soupir puis demanda à Jeannette de l’aider à choisir une tenue.

– Si j’étais vous, Mademoiselle, je mettrais la robe de soie bleue, elle vous va si bien !

– Mais, je ne la porte que dans les grandes occasions !

– Oui, je sais, mais il y a un invité de plus aujourd’hui.

– Ah ! Qui cela ? questionna-t-elle.

– Ce matin, j’ai entendu votre papa dire que votre grand-père était revenu des chemins de fer.

La jeune fille sauta au cou de Jeannette.

– Grand-père sera là, mais c’est merveilleux ! Je ne l’ai pas vu depuis si longtemps !

– Plus de cinq ans, répondit Jeannette. Il faut le comprendre, son travail est très prenant.

– Je sais, mais il m’a tellement manqué, même s’il m’a écrit chaque semaine pendant toutes ces années… Alors, c’est décidé, je mets ma robe de soie.

Clémence avait toujours entendu papa raconter que grand-père Nikolaz était l’un de ceux qui croyaient à l’essor des chemins de fer français. S’il était issu d’un milieu ouvrier, il avait réussi à force de volonté et de travail à gravir les échelons jusqu’à devenir ingénieur. Puis, après avoir investi ses maigres salaires dans le développement des voies et des trains, il avait rapidement fait fortune.

Lorsque midi sonna, Clémence ne tenait plus. La joie la submergeait car elle savait que son grand-père, si ponctuel, allait bientôt apparaître dans l’embrasure de la porte. Lorsque le battant s’ouvrit, elle ne vit que le visage de grand-mère, vieille dame sévère mais au cœur tendre !

– Où est Papy ? demanda-t-elle brusquement.

– Eh bien ! tu pourrais d’abord me saluer, lui dit grand-mère, blessée de cet accueil si peu enjoué.

Clémence s’exécuta sans entrain. La gorge serrée, elle redemanda d’une petite voix : « Mais où est papy ? ».

– Il ne viendra pas, lui répondit son père depuis le salon voisin. Il a finalement été retenu.

Pour la jeune fille, la déception fut immense mais elle refoula ses larmes et se montra forte. La gorge serrée, elle ne put avaler qu’un maigre repas puis remonta à sa chambre pour y épancher son chagrin.

La nuit passa mais elle ne trouva pas le sommeil. Sa vie lui paraissait si morne et triste… L’argent, il y en avait ici, et à foison, mais cela la rendait-elle heureuse ?

– J’ai eu la chance d’être élevée dans une famille aisée, se dit-elle, on m’a donné une excellente éducation et j’ai connu les grandes réceptions, les dîners, les bals… Il y a bien des gens qui auraient souhaité avoir cette vie. Malgré tout, je n’ai qu’une envie : sortir d’ici. Je me sens prisonnière…

Une idée germa dans sa petite tête :

- Pourquoi n’irais-je pas retrouver grand-père ? Je devrais profiter de cette veille de carnaval pour m’échapper…

Chapitre 2 : La prisonnière s’échappe

Dans la nuit qui précédait le mardi 2 mars de l’an 1880, le jeune Léo se promenait dans les rues de Paris à la recherche de quelque nourriture. Ce jeune garçon d’à peine quinze ans aux beaux cheveux blonds bouclés et aux yeux vert sombre n’avait pas eu la chance de connaître un foyer stable et la tendresse d’une famille. Il subsistait grâce à quelques menus travaux mal rémunérés et devait de temps à autre voler pour pouvoir manger à sa faim. Vêtu d’une vieille salopette de coton bleu et chaussé de godillots troués, il allait et venait dans la ville endormie. Sa casquette bien vissée sur la tête, il se déplaçait à vive allure avec l’agilité d’un renard chassant une proie. Tout à coup, il s’arrêta car il était certain d’avoir vu une ombre du coin de l’œil. Oui, là-bas, il y avait une frêle silhouette encapuchonnée.

– Hep ! Arrête-toi ! Où cours-tu comme ça ?

– Laissez-moi tranquille, je quitte la ville.

– Eh ! Mais c’est une voix de fille que j’entends là ! Que fais-tu dans la rue en pleine nuit ?

– Fichez-moi la paix !

– Non, non, non ! Viens par ici ! Et attrapant la silhouette par le bras pour l’entraîner à hauteur d’un lampadaire, il découvrit un joli visage de poupée caché sous la large capuche.

– Qui es-tu ma jolie ?

– Mais lâchez-moi, petite brute !

– Pas avant que tu m’aies donné ton nom.

– Je m’appelle Clémence.

– Moi, c’est Léo. Dis donc, tu n’as pas l’air d’être une pauvresse, vu tes vêtements…

Clémence, méfiante, réfléchit avant de répondre.

– Non, c’est exact ; je viens d’une famille très riche et je t’ordonne de me laisser partir immédiatement.

– Eh! mais tu n’as pas la loi ici, ma belle. Tu es sur mon terrain de jeu et c’est moi qui dicte les règles à présent. Si tu veux avoir un droit de passage, il va falloir payer.

– Payer ! Mais je n’ai pas d’argent…

– Alors, ça, c’est incroyable, une fille de riche qui se promène sans le sou !

Léo se mit à rire si fort que la jeune fille en fut vexée. Il reprit :

– Eh bien ! je ne sais pas où tu vas, mais crois-moi, de l’argent tu en auras besoin.

Clémence se retrouva désarmée et balbutia :

– Ce n’est pas possible. Je ne peux plus retourner chez moi car mes parents vont sans doute se mettre très vite à ma recherche.

– Comme ça, tu fuis ta maison… Tu étais battue ?

– Non, pas du tout !

– Pourquoi t’en aller ?

– Cela ne regarde que moi ! Pour l’instant, je veux juste aller retrouver mon grand-père dans le nord de la France.

– À ta place, je resterais chez les rupins… Mais bon, c’est toi qui décides. Comme je suis une bonne âme, je veux bien t’aider. Pour sortir de la ville, il va falloir attendre que le carnaval de demain soit terminé car des gendarmes sont postés à toutes les entrées.

– Pourquoi ferais-tu ça pour moi ? Tu ne me connais pas…

– Bah ! non, je sais, mais tu as une bonne tête. Et puis, si ta famille est riche, tu pourras peut-être me payer pour mon aide ! Et il se remit à rire. Allez ! Suis-moi, on va se mettre à couvert dans ma cachette en attendant de quitter les lieux.

Elle ne savait dire pourquoi mais Clémence avait confiance en ce garçon qu’elle ne connaissait que depuis un court instant. Elle accepta de le suivre et ils arrivèrent bientôt dans un abri bien piteux. Cet endroit, caché de tous, était accessible par un étroit boyau dont l’entrée se situait au pied d’une usine de teinture. L’odeur forte des produits chimiques n’était pas particulièrement agréable mais elle allait devoir la supporter quelques heures.

– C’est là que tu vis ? demanda Clémence.

– Eh oui ! Comme tu vois, je ne suis pas riche.

– Où sont tes parents ?

– Mes parents ? Je n’en ai pas ! J’ai été abandonné et confié aux sœurs de la Charité lorsque j’étais bébé. Il paraît que mes parents étaient des milliardaires, tu y crois toi ? Et Léo éclata de rire !

– Tu vis tout seul ? Tu vis de quoi ?

– Je vis comme je peux, ma belle. Je fais des petits boulots mal payés et puis un peu de rapine. Je te choque en disant ça ?

Oui, Clémence était choquée de voir qu’un si jeune garçon puisse être abandonné de la sorte et qu’en plus il dût subvenir malhonnêtement à ses besoins.

Léo lui indiqua un petit coin de la minuscule pièce où elle pourrait dormir un peu. Elle accepta non sans un certain dégoût car l’endroit était complètement insalubre. La fatigue aidant, elle s’endormit bientôt.

Chapitre 3 : Le carnaval des fous

Au matin, jour du grand Carnaval, les deux enfants sortirent de la cachette avec la plus grande discrétion. Ils allèrent de rue en rue pour voir s’il était possible de sortir de la ville, mais comme le redoutait Léo, toutes les issues étaient bloquées par la gendarmerie. Il fallait attendre la fin de la fête.

– Dis-moi, ma belle, nous devrions peut-être profiter de cette journée pour nous amuser un peu. As-tu déjà participé au carnaval des fous ?

– Non, mes parents ont toujours été opposés à cette fête qu’ils jugent subversive. Je t’avoue que l’idée d’y aller me plaît beaucoup mais je ne peux pas sortir dans cette tenue, on risquerait de me reconnaître. A cette heure, je suis sûre que toute ma famille est déjà à ma recherche…

– Tu as raison, alors on va emprunter des déguisements.

– À qui ?

– Viens, tu vas voir.

Léo prit la main de Clémence et la fit courir si vite qu’elle en était rouge d’essoufflement. Ils arrivèrent en plein cœur des préparatifs du grand défilé. Il y avait là des saltimbanques en pleine répétition d’une pièce apparemment fort drôle. Il y avait aussi des troubadours, un dresseur d’ours et des cracheurs de feu. La jeune fille n’en croyait pas ses yeux. Quel univers merveilleux ! Elle découvrait ici toute la magie qu’elle avait imaginée depuis sa prison dorée.

Léo la tira brutalement de ses pensées et la fit passer sous le rideau d’une tente.

– Vas-y, il n’y a personne. On devrait trouver notre bonheur.

Soigneusement rangés sur des porte-manteaux, il y avait là des dizaines de somptueux costumes colorés.

– Regarde ça ! Je suis sûr que ça m’ira très bien.

Léo tenait un habit de fou du roi avec un bonnet orné de trois grelots.

Clémence ne put retenir un fou rire.

– Oui, c’est parfait. Et moi, que vais-je mettre ?

– Celui-là ma chère. Je pense qu’il te siéra à merveille, dit Léo en prenant un ton bourgeois.

– Oh! Oui. Cette robe de colombine est fabuleuse !

– Allez, dépêchons-nous de nous parer pour les festivités !

Une fois habillés, rapidement maquillés et leurs perruques enfilées, ils se mêlèrent aux premiers arrivants.

Quelle merveille de voir les chars ornés de fleurs ! De jolies danseuses commencèrent à ouvrir la cavalcade sur différents airs de valse et de polka. Puis la foule, de plus en plus dense, vint se masser au point de départ de la cavalcade. Clémence dut à plusieurs reprises se cacher car elle avait cru reconnaître des gens de son voisinage. Les chars gigantesques se mirent soudainement en route sous les cris de liesse de la population. Les chevaux qui leur permettaient d’avancer étaient eux-mêmes parés pour la circonstance. Le cœur de Clémence débordait de joie. Comment ses parents avaient-ils pu lui interdire de tels moments de bonheur ?

Jusqu’au soir, très tard, les deux jeunes gens s’amusèrent sans se soucier du reste.

– Cette journée est une merveille, mon cher Léo. Je ne suis pas prête de l’oublier.

– Ça te change des réceptions mondaines ennuyeuses, n’est-ce pas ?

– Clémence acquiesça d’un simple hochement de tête accompagné d’un énorme soupir.

Tout à coup, une clameur s’éleva dans la nuit. Alors que l’heure de la mise à mort de Monsieur carnaval approchait, la fête fut soudainement arrêtée. Un gendarme était monté sur l’estrade principale et prenait la parole :

– Oyez, oyez ! Avis à la population : une jeune fille de bonne famille est recherchée depuis ce matin. Elle a disparu de son domicile dans la nuit. Elle a treize ans, a des cheveux châtain clair mi-longs et des yeux couleur noisette. Elle répond au prénom de Clémence. Vous êtes tenus de nous donner toute information dont vous auriez connaissance.

Les deux enfants se regardèrent. Il fallait immédiatement se cacher et le plus sûr était de retourner à la bien modeste habitation de Léo. Désormais, il fallait être très prudent et discret. Malgré le déguisement, une fille de cet âge était facilement repérable et susceptible d’être dénoncée et arrêtée.

– Surtout ne pas courir, c’est important, dit Léo. Car ça pourrait indiquer que l’on fuit quelque chose…

Le plus calmement possible, ils quittèrent la fête et retournèrent dans les rues désertes afin de se mettre à l’abri des regards. Mais ils n’avaient pas remarqué qu’une ombre immense et inquiétante les suivait…

Chapitre 4 : Deux drôles de rencontres

- Ouf ! Nous serons en sûreté dans quelques minutes, dit le jeune garçon.

– Oui, je dois avouer que j’ai pris peur, répondit Clémence.

– Peur de quoi ? lança une voix effrayante venant d’une ruelle sombre.

Les enfants se retournèrent épouvantés.

– Mais oui, peur de quoi ? répéta la voix. Peur des gendarmes ? Vous savez bien qu’ils ne sont pas méchants !

En revanche, il y a quelquefois des créatures dangereuses qui se cachent dans les ténèbres…

Léo rassembla tout son courage et répondit d’un ton mal assuré :

– Qui êtes-vous ? Et que nous voulez-vous ? Et puis, sortez de votre cachette, si vous l’osez !

– Tu es bien courageux de me parler ainsi, répondit la voix terrifiante. Je m’appelle Krampus, poursuivit-il. Et je suis un envoyé… du diable, dit-il dans un rire tonitruant.

Un homme gigantesque à la barbe noire hirsute sortit alors de l’ombre. Son visage barbouillé de sale ne pouvait inspirer que la terreur. Il dévisageait les enfants de ses yeux noirs et profonds.

– Savez-vous que je suis envoyé sur terre pour punir les enfants désobéissants ?

– Mais, mais…. balbutia Clémence.

– Je sais que l’un d’entre vous est une petite canaille et que l’autre a transgressé les ordres qu’on lui avait donné. Je suis donc dans l’obligation de vous emmener pour vous punir…

Avant qu’ils aient pu réagir, une énorme main les empoigna. Étranglés par la peur, aucun son ne put sortir de leur gorge. Bientôt, ils se retrouvèrent enfermés dans une immense hotte sombre et ballottés comme de simples fétus de paille. Il leur sembla que le temps qui s’écoulait était infini. La peur avait maintenait fait place au désespoir. Ils avaient conscience de leurs tourments tout proches… lorsqu’une lumière vive traversa les interstices de la hotte d’osier qui les retenait prisonnier. Alors, une voix douce et grave leur parvint :

– Sortez, les enfants. Vous êtes libres.

Osant à peine bouger, Léo souleva doucement le couvercle. La clarté émanant de l’extérieur était orangée et chaude. Il prit le bras de son amie et l’aida à sortir. Debout devant eux, se tenait un homme joufflu à la barbe blanche comme neige et vêtu d’une grande tunique écrue et dorée. Il souriait.



– N’ayez pas peur de moi. Je suis venu vous aider. Je connais bien ce Krampus et c’est un être abject qui a outrepassé ses droits en vous enlevant. N’ayez crainte, je vais le renvoyer dans sa tanière près de son maître.

Le bon barbu s’adressa alors à Krampus dans une langue étrange et le fit disparaître aussi vite qu’il était apparu dans cette ruelle sombre.

Puis s’adressant aux enfants :

– Je m’appelle Monsieur Hiver. Vous me rencontrez pour la première fois, mais moi je vous connais depuis longtemps. Je sais que vous êtes de bons enfants car je peux lire dans vos cœurs. Je sais aussi que vous êtes malheureux.

Les jeunes gens se regardèrent et acquiescèrent ensemble d’un hochement de tête.

Mais qui pouvait bien être ce vieux bonhomme possédant de tels pouvoirs magiques ? Et comment avait-il su lire dans leurs pensées ?

Le vieux monsieur reprit :

– Que puis-je faire pour vous rendre plus heureux, mes chers enfants ?

Clémence prit timidement la parole :

– Je souhaiterais aller retrouver mon grand-père qui est quelque part dans le nord de la France. Il est le seul de ma famille à s’intéresser vraiment à moi. C’est un homme simple et gentil…

Léo hésita puis dit :

– Moi, je n’attends rien de personne. Je n’attends plus rien depuis longtemps…

– Alors, je ne peux absolument rien pour toi ? En es-tu bien certain ? Peut-être que si tu me fais confiance, je pourrais te convaincre que les hommes ne sont pas si mauvais…

Le jeune garçon se contenta de baisser les yeux.

Puis, s’adressant à Clémence :

– Je dois partir pour le nord, cette nuit. Souhaites-tu m’accompagner ?

– Euh ! oui, mais… peut-on partir avec mon ami Léo ?

– Bien entendu, il est le bienvenu, s’il le souhaite.

Léo, tout surpris de ne pas se sentir exclu, accepta la proposition. Discrètement, il dit à sa jeune amie :

– Je viens uniquement pour veiller sur toi. Une gosse de riche ne saura jamais se débrouiller seule…

Clémence se contenta de sourire.

Chapitre 5 : Un voyage fantastique

- Allons ! jeunes gens, ne perdons pas de temps, prenons la route du nord dès maintenant…

Ils suivirent Monsieur Hiver qui leur fit emprunter des chemins assez inhabituels. Ils parcoururent des ruelles très étroites pour finir sur les toits des maisons cossues de la ville. Quel drôle de bonhomme tout de même! Et ce visage… pourquoi paraissait-il si familier à Clémence ?

Arrivés sur le toit le plus haut de Paris, ils découvrirent avec stupeur une calèche dorée à laquelle étaient attelés… pas moins de six rennes !



Les enfants se regardèrent interloqués.

– Mais, comment comptez-vous faire descendre ces bestioles ? lui souffla Léo.

– Pas question de descendre, répondit Monsieur Hiver, nous allons monter. Allez, allez, en voiture et ne vous posez pas tant de questions !

En approchant de l’attelage, Clémence n’en crut pas ses yeux. Il y avait là trois rennes bleus et trois rennes roses ! Ces animaux majestueux avaient un pelage aussi brillant que des cristaux de neige et des bois d’un beau noir ébène. Elle ne put s’empêcher de les caresser et les trouva plus soyeux que toutes les riches étoffes qu’elle avait pu posséder. Et leur odeur rappelait celle de la cannelle. Elle respira très fort pour profiter de ce merveilleux parfum.

Une fois tous installés dans la calèche d’or, Monsieur Hiver tira sur les rênes et cria :

– Hop ! hop ! mes six jolis rennes féeriques, hissez-nous haut dans le ciel, hissez-nous au firmament, près de l’étoile la plus belle…Et l’attelage s’éleva dans les airs.

Incroyable ! En quelques instants ils se trouvèrent au milieu des nuages, le vent fouettant leurs visages. Subjugués par la splendide voûte céleste, les enfants ne virent même pas la ville rapetisser derrière eux…

Après avoir repris ses esprits, Clémence demanda :

– Comment trouverons-nous grand-père ?

– Ne sois pas pressée, tout vient en son temps ma chère enfant, lui répondit le vieil homme. Pour l’instant, je vous emmène dans ma maison où vous prendrez du repos et un bon repas chaud.

– Elle est loin, votre baraque ? demanda Léo.

– Au nord, mon petit ami, au pôle nord…

Et le voyage fut magique. Ils survolèrent campagnes, villes, rivières, mers et océans…pour enfin arriver au-dessus d’un paysage immaculé. Seuls quelques sapins d’un beau vert sombre venaient tacher la blancheur du sol.

– Nous sommes presque arrivés, dit Monsieur Hiver. La petite lumière, là-bas, au loin, c’est ma maison.

Chapitre 6 : Un petit village magique

Les rennes se posèrent tout en douceur au pied d’une charmante petite maison entourée d’une grange et d’un grand bâtiment de bois. Ce minuscule village était construit au beau milieu d’un paysage de glace s’étendant à perte de vue. Reflétant la pâle clarté lunaire et virevoltant doucement, quelques flocons de neige venaient se poser sur les branches de houx et de gui parsemés alentour.

– Entrez vite, les enfants, dit Monsieur Hiver. Il y a un bon feu de cheminée qui vous attend. Je vais demander à Bélissende de vous préparer un bouillon de légumes et elle vous apportera des pyjamas. Vous n’allez tout de même pas dormir avec vos costumes de carnaval !

Les enfants se regardèrent. Ils avaient totalement oublié qu’ils portaient encore leurs costumes.

– Mais qui est Bélissende ? demandèrent-ils.

– Bélissende, c’est moi ! Une voix fluette avait répondu, venant d’une toute petite personne pas plus haute que trois pommes.



– Oh! ! mais ne me regardez pas comme ça. Je ne suis pas grande mais suffisamment tout de même pour savoir recevoir des hôtes. Et puis d’abord, si je ne suis pas bien haute c’est parce que je suis un korrigan de Bretagne. Et vous savez, ils sont tout petits, les lutins de Bretagne !

Pour ne pas être vexants, les enfants retinrent leurs rires. Comme elle était amusante, cette petite bonne femme aux oreilles pointues ! Elle s’occupa à merveille de ses deux invités qui, après s’être restaurés, allèrent se coucher. Leur sommeil fut profond et leurs rêves peuplés de créatures fantastiques…

Au matin, Bélissende avait dressé une table de petit déjeuner spécialement pour eux. Alors qu’ils finissaient d’engloutir leur dernière bouchée, un doux bruit d’ailes résonna à leurs oreilles.

– Regarde Léo ! s’écria Clémence.

Une chouette venait de se poser sur le rebord de la fenêtre. Bélissende ouvrit les deux battants et l’animal vint se poser sur le linteau de la cheminée.

– Il a fait très froid cette nuit, j’ai bien mérité un peu de repos et de chaleur.

– Mais… balbutièrent les enfants… elle parle !

– Bien entendu que je parle, répondit Cassiodore, le harfang des neiges, étonné qu’on puisse lui poser une telle question.

– Ne soyez pas surpris, mes chers enfants, leur dit Monsieur Hiver qui venait d’entrer dans la cuisine. C’est une chouette enchantée. Chez moi, vous verrez que tout est magique.

– Dites-moi, Monsieur Hiver, puis-je vous poser une question ? demanda Léo.

– Bien sûr, répondit-il.

– Que faites-vous ici, perdu au fin fond du pôle nord ?

– Tu as raison, il faut que je vous donne quelques explications mais venez d’abord visiter l’ensemble du village.

Après avoir exploré la maison, ils allèrent jusqu’à la grange des rennes avant de se rendre au grand bâtiment de bois.

– Qu’y a-t-il là-dedans, demanda Léo ? C’est rudement grand !

– Eh bien, il y a là mon plus grand secret. Mais avant de vous faire entrer, il faut que vous me donniez votre parole de toujours garder le silence à ce sujet.

Intrigués, les jeunes gens promirent et Monsieur Hiver avait toute confiance en eux.

Les enfants restèrent bouche bée lorsque les deux lourdes portes s’ouvrirent. Un immense atelier de confection de gourmandises s’offrait à leurs yeux ébahis. Des centaines de petits korrigans travaillaient à la fabrication de confiseries, bonbons et chocolats.

Léo s’écria :

– C’est vous le distributeur de sucreries de décembre, n’est-ce pas ?

– Oui, tu as deviné, je suis celui que l’on surnomme le Bonhomme Hiver. Chaque nuit de janvier à novembre, j’envoie ma chouette surveiller si les enfants sont sages et s’ils ont mérité un cadeau. Puis en décembre, je fais ma distribution.

– Mais pourquoi je n’ai jamais rien eu ? dit Léo d’un ton lourd de reproches.

– Tu te trompes mon petit ami. N’as-tu jamais reçu d’orange un matin de décembre ?

– Oh ! si, mais j’ai toujours cru que les sœurs de la Charité ne m’avaient pas totalement oublié.

– Non, elles ne t’ont pas oublié mais elles avaient bien d’autres soins à prodiguer aux miséreux. L’orange est toujours venue d’ici. Mais il n’y a pas que ça, mon jeune ami. Sais-tu qui te donnait l’espoir et le courage de vivre malgré les difficultés ? Oui, mon cher petit, j’ai toujours été derrière toi pour t’aider à te battre. Je t’ai soutenu à chaque instant de ta vie pour que tu ne baisses jamais les bras.

Puis, le Bonhomme Hiver les emmena dans une immense serre installée tout au fond de l’atelier. Il y avait là des orangers géants dont les branches ployaient sous le poids des fruits.

– Te concernant, ma chère Clémence, reprit le Bonhomme Hiver, je t’ai apporté de bons chocolats, chaque année, qui ont dû te régaler.

– Oui, c’est vrai, mais j’étais persuadée que c’était mes parents qui me les offraient.

– Les jouets, au pied du sapin, venaient de tes parents mais les chocolats… sont toujours venus d’ici, ma chère petite.

Alors l’orange et les chocolats prirent subitement un goût de magie aux yeux des deux enfants…

Chapitre 7 : Mais qui est-il vraiment ?

Les enfants étaient arrivés au pôle depuis plusieurs jours déjà, lorsque le Bonhomme Hiver dut s’absenter pour quelques heures.

– J’ai un message important à délivrer sur Paris. Je serai de retour dès ce soir. En attendant, Léo, je te confie le soin de t’occuper des rennes. Je sais que tu te débrouilleras très bien puisque tu m’as aidé chaque jour depuis ton arrivée.

Clémence, quant à elle, installée dans la cuisine pour aider Bélissende à préparer le repas, fut prise de remords.

– Bélissende, dit-elle, je n’aurais sans doute pas dû fuir de la maison de cette façon. Ma famille doit être inquiète maintenant.

– Oui, c’est évident lui répondit la lutine. Tu devrais peut-être repartir…

– Mais… et grand père… je voudrais tellement le revoir ! Le Bonhomme Hiver m’a promis de m’emmener auprès de lui.

– Il tiendra parole, sois-en sûre. A propos, tes parents ont-ils le téléphone ?

– Oui, répondit-elle, nous en possédons un.

– Eh bien ! voici le nôtre, appelle-les pour les rassurer.

Clémence hésita longtemps car elle redoutait leur courroux. D’ailleurs, leur manquait-elle vraiment?

Cassiodore, perché sur le bord de la fenêtre lui souffla :

– Appelle, qu’as-tu à craindre ? Tu les crois durs et sans cœur, mais c’est peut-être parce qu’ils voulaient le meilleur pour toi…. Je suis certain que ta famille t’aime…

Rassurée par les mots de la chouette, la jeune fille décrocha le combiné. Une opératrice lui répondit et transmit immédiatement l’appel à la famille NIKOLAZ.

– Allo ! Maman ?

– Oh ! ma chérie…

La conversation fut longue et chargée d’émotion…

– Un coup de fil plein de promesses, pensa Cassiodore.

Lorsque la jeune fille raccrocha, elle rayonnait de bonheur.

– Cassiodore, tu avais raison, ils m’aiment et m’ont promis de faire de gros efforts et de m’accorder plus de temps.

Tard le soir, lorsque le Bonhomme Hiver rentra, Clémence l’entraîna dans le salon près de la cheminée pour tout lui raconter.

– Tu vois, lui dit-il, j’étais certain qu’au fond tes parents avaient un cœur tendre. Ils ont connu la pauvreté étant enfants et ils ont voulu que tu sois comblée et gâtée. Ils avaient simplement un peu oublié que l’amour représente bien plus que les biens matériels.

Oui, il avait raison le vieux bonhomme. Il avait toujours raison et il savait toujours tout… Le regardant droit dans les yeux et décidée à obtenir des réponses à ses interrogations, Clémence lui lança :

– C’est incroyable, je leur ai raconté mon aventure et pas un instant ils n’ont douté de mes dires ! Vous ne trouvez pas que c’est curieux ? Et ils m’ont même autorisée à partir avec vous chez grand-père…

– Je le savais déjà, ma petite chérie, répondit le vieil homme. Et nul besoin d’aller bien loin pour le retrouver, ajouta-t-il, car c’est déjà fait depuis quelque temps… Clémence le regarda interloquée.

– Il y a bien longtemps que tu n’as pas vu ton grand père et il a pu changer, ne crois-tu pas ?

En riant, il continua :

– Il a pu grossir et attraper quelques poils blancs dans sa barbe. Et qui sait, il a pu aussi changer de métier…

La jeune fille ne savait plus si elle devait rire ou pleurer. Alors, depuis le début de l’aventure, grand-père était là, tout près d’elle. Ce visage lui avait tout de suite été familier mais comment n’avait-elle pas reconnu sa voix, sa gestuelle…Elle sauta dans les bras du vieil homme et l’étreignit si fort qu’elle aurait pu l’étouffer d’amour.

Chapitre 8 : Je ne veux pas quitter le pôle

Le feu de bois crépitait dans la cheminée et une longue nuit allait commencer. Léo vint s’asseoir près de son amie et ils écoutèrent grand-père Hiver…

– J’ai travaillé de nombreuses années aux chemins de fer, commença-t-il. J’avais installé mes bureaux à la gare de Calais dans le nord de la France. Il y a un peu plus de cinq ans, alors que tu n’avais encore que huit ans, ma chère enfant, j’ai fait la connaissance d’un bien curieux monsieur. Il était assis sur un banc, au bord du quai. Il vint se présenter à moi :

– Bonsoir, je m’appelle Nicolas et j’attends la voiture pour le pôle nord.

J’ai d’abord cru avoir mal compris et je lui répondis qu’il devait se tromper et qu’il ne passait ici que des trains. Mais il insista et m’invita à m’asseoir à ses côtés.

– Mon cher, me dit-il, je dois me rendre une dernière fois là-bas pour faire mes adieux à mes amis et former mon remplaçant. La voiture ne saurait donc tarder à arriver. Avez-vous pris votre valise pour m’accompagner ?

– Mais, voyons ! que dites-vous, monsieur ? Je ne vais nulle part !

– Oh! si, vous venez, car vous prenez ma relève. Votre nom de famille est bien Nikolaz ?

– Oui, c’est bien moi, Jules Nikolaz.

– Alors pas d’erreur, vous partez avec moi car je vous ai choisi pour me remplacer. Je suis vieux et bien fatigué, il est temps que je cède la place. Vous serez désormais le Bonhomme Hiver, le bon vieillard distributeur de friandises dévoué aux enfants.

– Mais, mais… balbutiai-je. Mais je n’eus pas le temps de me poser plus de questions car j’entendis au loin un tintement de grelots et je vis arriver du ciel un attelage féerique. Il me fallut quelques jours pour comprendre la tâche qu’on me confiait. Et en acceptant de devenir un personnage magique, j’ai dû renoncer à mon existence humaine ordinaire. C’est pour cela que je ne pouvais te voir, ma petite Clémence.

– Alors, même papa et maman ne savent rien de tout cela ?

– Non, ils ne savaient pas. Tout du moins jusqu’à aujourd’hui. Seule grand-mère était dans la confidence. Elle aurait pu m’accompagner au pôle mais elle n’a pas voulu vous quitter. Chaque semaine, je t’ai écrit, ma chère petite fille, car je ne voulais en aucun cas rompre le lien si fort qui nous unit depuis ta naissance.

– Je t’ai répondu chaque semaine, grand-père, lui dit-elle. Comment recevais-tu mes lettres ? Car je doute que le postier ait pu te les faire parvenir !

– Disons que je connais une chouette qui sait mener le courrier là où il faut… Sache que je pensais bien tout te dire un jour mais j’estimais que le temps n’était pas encore venu.

Clémence était abasourdie par toutes les révélations que grand-père venait de faire.

Après quelques jours, les enfants se préparaient à repartir. Ils eurent une longue discussion et Clémence demanda :

– Grand-père, nous voulions te parler d’une chose importante. Accepterais-tu que Léo reste près de toi ? Il pourrait t’aider dans tes tâches…

Le Bonhomme Hiver regarda Léo avec un grand sourire. En lui donnant une solide poignée de main, il lui dit :

– J’en serais très heureux, jeune homme. Tu pourras continuer à t’occuper de mes rennes.

Se sentant tout à coup utile, le jeune garçon hocha fièrement la tête pour acquiescer. Pour la première fois de sa vie, il se sentit aimé et eut l’impression d’avoir enfin trouvé un foyer.

– Quant à toi, ma chérie, reprit grand-père Hiver, maintenant que tu connais mon secret, j’aimerais te voir souvent. Je ne peux que très rarement me déplacer mais je connais un garçon qui pourra voler jusqu’à toi pour venir te chercher.

Bientôt Clémence fut de retour chez elle. Ses parents, très émus de la retrouver, la couvrirent de baisers. Elle eut l’autorisation d’aller voir grand-père une fois par semaine à condition de ne pas délaisser ses études. Lorsque la voiture dorée vint la chercher pour la première visite, la jeune fille avait les yeux remplis d’étoiles. Une autre personne se réjouissait à l’idée d’aller au pôle nord : c’était grand-mère, qui avait enfin accepté de rejoindre grand-père…
Muriel, le 02/03/2013
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Nora à la rencontre du monde magique
Chapitre 1 : Une rencontre

La neige tombait abondamment en ce début décembre 1974. Il était déjà 10h et Nora était en retard pour ouvrir son magasin de jouets anciens. Passionnée par tous ces vieux joujoux, elle avait décidé de se consacrer à leur restauration et proposait leur vente à des collectionneurs. Âgée de 56 ans à peine, elle était ronde aux cheveux déjà blancs avec un visage doux ayant conservé un côté enfantin. Elle se mit à courir en regardant sa montre et ne vit pas devant elle un jeune garçon arrivant en trottinette. Elle l’évita de justesse mais un vieux monsieur un peu plus loin n’eut pas cette chance. Il fut projeté au sol et sa sacoche complètement renversée sur le bitume. Au lieu de porter secours au vieil homme, le garçon préféra prendre la fuite. Nora se précipita :

- Ça va, Monsieur ? Vous n’avez rien de cassé ?

- Non, je ne crois pas. Pouvez-vous juste m’aider à me remettre debout ? À mon âge, on perd en souplesse, lui dit-il avec un large sourire.

Nora fut impressionnée par l’aura du vieil homme qui respirait la sagesse. Elle l’aida à rassembler ses affaires puis lui proposa :

- Souhaitez-vous que je vous raccompagne à votre domicile ?

- Non, je vous remercie mais ça va aller. Je suis presque arrivé à ma boutique.

- Vous avez une boutique ?

- Oui, l’horlogerie qui est située avenue des sapins.

- Oh ! bien sûr, je la connais mais je n’avais jamais eu l’occasion de vous rencontrer. Moi, je tiens le magasin de jouets anciens.

- Je le sais, chère madame. Je vous ai déjà aperçue à votre atelier. Il y a quelques jours, vous étiez très affairée à réparer une poupée qui, si je ne m’abuse, date de 1952.

Très agréablement surprise, Nora acquiesça.

- Pardonnez-moi, ma chère mais il est temps pour moi de vous quitter. Je vous remercie de votre aide car ce jeune garçon semble bien n’avoir eu aucun intérêt pour le vieux bonhomme que je suis.

- C’est malheureux, répondit Nora. Ce garnement ne méritera pas de cadeaux à Noël…

Cette réflexion sembla beaucoup amuser le vieil homme.

- Tenez, voici ma carte avec mes coordonnées à la boutique. Permettez-moi maintenant de prendre congé.

Nora salua le vieil homme et intriguée, elle le regarda partir sous les flocons virevoltants. Lorsqu’il tourna au coin de la rue, elle se remit en chemin mais un point brillant dans la neige fraîche attira son regard.

- Une clé dorée ! Sa forme est très étrange ! Elle appartient probablement au vieil horloger !

Nora se mit à courir pour le rattraper mais il n’y avait plus personne. Il avait disparu…

- Incroyable ! Il ne doit pas être si fatigué que ça pour avoir fait le chemin à une telle vitesse… Bien, revenons à nos moutons… Il serait temps d’aller ouvrir mon magasin, les clients doivent m’attendre. Je passerai chez ce charmant vieil horloger ce soir.

Chapitre 2 : Nora, la Curieuse

Lorsque 18h arriva, Nora, après avoir soigneusement nettoyé sa boutique et fermé la porte d’entrée, prit la direction de l’horlogerie.

En arrivant sur le pas de la porte, il lui sembla que tout était fermé. Il n’y avait pas de lumière et la vitrine était poussiéreuse comme si tout avait été abandonné depuis de nombreuses années.

- Décidément, se dit-elle, c’est très bizarre…

Elle prit alors la carte de visite où était écrit en lettres anciennes : Monsieur Julius Temporis vous accueille du lundi au vendredi de 10h à 19h.

- Il n’y a pas de doute ça devrait être ouvert !

Elle poussa doucement la porte. Celle-ci ne résista pas. À l’intérieur, il n’y avait pas âme qui vive. Elle se risqua à appeler :

- Bonsoir. Monsieur Temporis. Vous êtes là ? Je suis la dame qui vous a aidé ce matin.

Pas de réponse…

Elle allait ressortir mais la curiosité la poussa à jeter un œil dans la boutique. Il y avait là toutes sortes de vieilles horloges, des coucous, des montres à gousset et même un très ancien cadran solaire… En fait, tout ce qui avait dû exister pour indiquer l’heure à travers les époques.

- Que de trésors ! se dit-elle.

Elle remarqua cependant que plus rien ne fonctionnait… Tout était à l’arrêt comme si le temps avait suspendu son cours…

Seule, adossée au mur du fond, une comtoise finement travaillée donnait un léger tic-tac.

- Mais c’est la seule horloge qui fonctionne encore ! S’étonna-t-elle.

Intriguée, elle l’observa de plus près et remarqua que le système du remontoir ressemblait étrangement à la clé qu’elle avait trouvée le matin même…

Elle la sortit de son sac à main.

- Mais enfin, de quoi je me mêle ! se dit-elle. Je ferais mieux de partir, plutôt que de jouer au détective ! Puis, après quelques secondes de réflexion, elle dit à haute voix :

- Et puis tant pis ! Après tout, je ne fais rien de mal.

Elle prit la clé et la glissa dans l’encoche prévue à cet effet. En tournant légèrement sur la droite, il y eut un bruit de mécanisme se débloquant. La porte de l’horloge s’ouvrit brusquement…

Nora ouvrit le battant en grand et une lumière vive l’éblouit. Après quelques instants d’accoutumance, elle vit apparaître un escalier étincelant. Chaque marche semblait faite de milliers de diamants.

- Mais ce n’est pas possible… je suis en plein rêve ! Il faut que je sorte d’ici tout de suite !

Elle se retourna pour fuir mais un beau chat sortant d’un recoin sombre sauta à ses pieds. Il semblait vouloir lui barrer le passage. Avec un ronronnement intense, il la regarda de ses splendides yeux verts. Il se frotta à ses chevilles. Son pelage gris souris semblait tellement soyeux que Nora se mit à le caresser. Il bondit dans l’escalier en la regardant. On aurait dit qu’il l’invitait à le suivre…

Chapitre 3 : Un monde merveilleux

Nora ferma les yeux un instant.

-Ce n’est pas possible, qu’est-ce qui m’arrive ? Je vais bientôt me réveiller bien au chaud dans mon lit…

Mais non, pas de doute, Nora ne rêvait pas. Et le gentil matou l’attendait à l’intérieur de l’horloge. Elle prit une forte inspiration et se décida à grimper l’escalier. Avec ses rondeurs, Il lui fut difficile de passer le battant de porte mais une fois de l’autre côté, elle se sentit aussi légère qu’une plume. On aurait dit qu’il n’y avait plus de pesanteur… Le chat aux yeux doux monta les marches en miaulant comme s’il voulait dire : « Viens, viens avec moi… ». Au fur et à mesure de l’ascension, les marches escaladées disparaissaient dans un scintillement d’étoiles. Nora n’avait nullement peur. Il lui semblait que quelque force magique guidait ses pas. Après un long moment, elle arriva devant une immense porte sculptée. Gravés dans le bois, elle reconnut des licornes, des lutins, des fées et encore d’autres créatures et personnages chimériques. Le ronronnement du chat se faisant plus intense, Nora se pencha pour lui donner une caresse mais elle n’eut pas le temps d’aller au bout de son geste que le chat courba l’échine et se mit à grossir et grandir à vue d’œil. En quelques instants, il prit forme humaine. Suffoquée par la surprise, Nora reconnut le vieil homme rencontré le matin même.

- Mais, je vous reconnais. Vous êtes Julius Temporis !

- Oui ma chère Nora, c’est bien moi, et le moment est venu de me présenter : je suis le vieux bonhomme du temps. C’est moi qui fais s’écouler les heures, les jours, les saisons, les années… Je suis aussi le gardien du monde magique.

Nora le regardait interloquée.

- Mais quel monde magique ?

- Et bien, les humains sont loin de se douter mais il y a un monde merveilleux juste au-dessus de leur tête. Et ce monde, je veux vous le faire découvrir, ma chère Nora.

- Moi ? Mais pourquoi moi ?

- J’ai le don d’observer les gens car j’ai tout mon temps pour cela, lui dit-il en riant. Il y a bien des années que je vous suis de près et je sais que vous êtes une âme pure. Nous avons besoin de vous ici.

Nora était abasourdie. Elle essayait de comprendre mais les idées et les mots se bousculaient confusément dans sa tête. Le vieux bonhomme lui prit délicatement la main et lui dit, rassurant :

- N’ayez pas d’inquiétude. Vous allez comprendre ce que j’attends de vous mais pour aujourd’hui, il vous faut du repos.

Par un simple mouvement des mains, le vieux bonhomme ouvrit la grande porte. Alors apparut aux yeux de Nora une vallée verdoyante surmontée d’un ciel limpide brillant d’étoiles, des ruisseaux, des arcs-en-ciel et au loin des montagnes enneigées. Elle n’en croyait pas ses yeux et faillit s’évanouir lorsqu’elle vit s’approcher une licorne blanche majestueuse.

- Bienvenue chez nous Nora.

Cette fois l’émotion était trop forte…

Le lendemain matin, Nora se réveilla dans une petite chambre douillette nichée dans un arbre. Autour d’elle, virevoltaient de minuscules fées aux ailes multicolores. Puis une dame aux cheveux d’argent entra dans la pièce portant un plateau lourd de victuailles.

- Bonjour, voici votre petit déjeuner.

- Merci. Mais… puis-je savoir où je suis et qui vous êtes ?

- Je me prénomme Chantal et je suis votre guide dans notre beau royaume. Le vieux bonhomme du temps est très occupé et c’est moi qui suis chargée de vous accompagner dans les montagnes.

- Dans les montagnes ? Mais pour quoi faire ?

- Et bien, ma chère, vous avez été choisie pour venir en aide au Père Noël…

Chapitre 4 : Une décision à prendre

Nora, devait se rendre à l’évidence : un monde magique existait bel et bien. Et si elle se retrouvait là aujourd’hui ce n’était nullement dû au hasard. En effet, Chantal, la fée des neiges, lui expliqua longuement pourquoi il était impératif d’avoir une nouvelle recrue :

- Ma chère Nora, commença Chantal, de nos jours, sur terre, bon nombre de croyances ont été perdues. De moins en moins d’adultes croient en la magie et malheureusement les enfants aussi commencent à être touchés par l’incrédulité. Elfes, dragons, licornes et bien d’autres créatures magiques sont désormais prisonnières ici car plus rien ne les relient aux humains. Nous sommes dans une période bien malheureuse. Même le marchand de sable ne descend quasiment plus sur terre et se morfond au fond de sa grotte à l’ouest du pays. Seuls la petite souris des dents et surtout le Père Noël ont encore du pouvoir. Aussi notre ami des enfants est-il débordé car il doit assurer la magie sur terre quasiment à lui seul. C’est pourquoi il a absolument besoin d’aide. Et vous êtes cette aide précieuse Nora…

Après une longue réflexion, Nora, accepta de venir en aide au monde magique. Après tout, rien ne la retenait « en bas ». Elle n’avait jamais été mariée et n’avait pas d’enfants. Elle avait perdu ses parents alors qu’elle était encore jeune fille et n’avait pas de famille proche. Elle n’avait auprès d’elle qu’un petit couple de souris blanches prénommées Nick et Nickie.

- Fée des neiges, appela Nora.

- Appelez-moi Chantal, lui dépondit la douce fée.

Nora lui adressa un large sourire et reprit :

- J’ai pris ma décision et je veux bien partir dans les montagnes du nord.

- Sage décision, mon amie. J’en suis très heureuse et je savais au fond de moi que nous pourrions compter sur vous. Maintenant, il va nous falloir préparer le voyage. Laissez-moi quelques jours pour cela. Il faut d’abord rassembler vos affaires, prévenir le Père Noël de votre arrivée…

- Oui mais, coupa Nora, je veux emmener mes petites souris domestiques. Elles sont adorables et seraient trop malheureuses sans moi.

- Bien entendu, Nora. Reprenons notre liste pour le départ, voulez-vous ?

Et la fée se mit à écrire dans un petit cahier grâce à sa baguette magique.

Au bout de quelques jours la bonne fée Chantal avait tout prévu pour le voyage. Elle vint à la rencontre de Nora qui était sortie pour découvrir la vallée. Nora était en pleine discussion avec une toute jeune sirène au bord d’un lac.

- Bonjour Nora. Je voulais vous prévenir que tout est prêt et nous pourrons partir dès demain matin. C’est mon fidèle ami Karl, le dragon blanc, qui va nous conduire. Nous irons bien plus vite par les airs.

Nora qui, en quelques jours avait pris l’habitude de rencontrer des créatures magiques ne fut même pas surprise par cette nouvelle.

Chapitre 5 : Le voyage et la rencontre

Dès l’aube, en ce 6 décembre, Nora et la fée Chantal étaient fin prêtes et se tenaient au pied de la petite maison dans l’arbre. Vêtements et nourriture avaient été soigneusement rangés dans de grands bagages.

Nora avait aussi pris un balluchon d’où l’on pouvait entendre s’échapper de légers couinements.

- Nick, Nickie, soyez sages mes petits amours. Vous sortirez tout à l’heure lorsque nous serons en vol. Je vous ai apporté un peu de lait et du fromage. Patientez, petits gourmands.

- Nora, vous êtes prête ma chère ? demanda la fée. J’entends Karl arriver.

À cet instant, le ciel s’alluma de reflets blancs d’une incroyable beauté. Les battements d’ailes amples et souples du merveilleux dragon se mirent à résonner dans toute la vallée. Alors, chaque habitant sortit afin de saluer l’animal magique.

- Bonjour Nora, je suis ravi de faire votre connaissance.

Époustouflée par la majesté de Karl, Nora eut peine à trouver ses mots.

- Je suis enchantée, moi aussi.

Après quoi, tout ce petit monde embarqua pour le vol magique. Après quelques instants de vertiges, Nora ouvrit les yeux et put contempler le splendide paysage.

- C’est encore plus beau vu du ciel ! Je crois rêver… Mon dieu, quand je pense que cet univers féérique était si près de moi et que je n’en avais pas conscience…

La bonne fée et le dragon se jetèrent un coup d’œil discret, ravis de constater le plaisir qu’éprouvait leur nouvelle amie.

Pendant trois jours, à vive allure, ils traversèrent la vallée puis passèrent les chutes d’eau vertigineuses avant de survoler la mer de sable. Puis, arrivés à l’océan de glace, Karl dit :

- Nous arrivons. Préparez-vous à l’atterrissage.

D’un coup d’aile à gauche, puis d’un autre à droite, le dragon se dirigea vers un vallon enneigé. Nora, y aperçut un minuscule village perdu dans la neige.

- Est-ce ici le bout du chemin ?

- Oui, c’est la maison du Père Noël. Je pense qu’il doit nous attendre, ou plutôt « vous » attendre, lui répondit Chantal.

À peine avaient-ils mis pied — et pattes — à terre qu’une ribambelle de rennes vinrent les saluer. Tous semblaient heureux de se retrouver comme après une longue absence. Nora était à la fois enchantée et angoissée par tant de nouveautés. Mais la raison essentielle de son appréhension était de rencontrer le Père Noël. Serait-il aimable et accueillant ? Elle n’eut pas le temps de se poser plus de questions car elle vit tout le monde se retourner et comprit qu’il était là, juste derrière elle…

Chapitre 6 : L’amour vous tombe du ciel

- Je vous avais dit que je n’avais besoin de personne !

Nora frissonna à ces paroles.

- Fée Chantal, c’est à vous que je m’adresse, reprit l’homme à la barbe blanche.

La fée s’approcha.

- J’avais bien compris, mon cher ami, mais les ordres viennent de Julius TEMPORIS lui-même. Vous n’avez guère le choix. Rendez-vous à l’évidence, vous êtes débordé de travail et ne pouvez plus tout assumer seul. Acceptez cette aide qui vous arrive non pas du Ciel mais de la Terre.

- Puisque vous ne me laissez pas le choix…

Et l’homme à la tunique rouge rentra chez lui en claquant la porte.

Nora resta interdite, le souffle coupé.

- Pardonnez-le, lui dit la fée. Il lui est difficile d’accepter une présence nouvelle mais je suis certaine que dans peu de temps il ne pourra plus se passer de vous.

Nora esquissa un sourire mais elle avait compris… Il ne voulait pas d’elle ! Elle eut envie de pleurer mais retint ses larmes…

En la quittant, Chantal et Karl avaient le cœur gros et espéraient que tout allait s’arranger. Ils la serrèrent fort dans leurs bras — et pattes — et lui glissèrent à l’oreille :

- C’est un homme bon, laissez-lui une chance. Vous êtes un cadeau qui lui est envoyé. Gardez toujours cela à l’esprit.

Nora resta longtemps dehors à les regarder s’éloigner dans le ciel. Elle retardait le moment de rentrer dans la chaumière…

Lorsqu’elle finit par y pénétrer, elle découvrit le désordre le plus total. « Il y a bien besoin d’une femme ici » pensa-t-elle !

- Installez-vous dans cette chambre, lui indiqua le Père Noël. Ce n’est pas très grand mais il faudra vous en contenter.

Elle s’installa dans la petite pièce et malgré son étroitesse s’y sentit rapidement bien. Les premiers jours, Nora se fit très discrète. Puis, prenant de l’assurance, elle commença à faire un peu de rangement et s’activa aux fourneaux. À peine quelques jours après son arrivée, elle prit même l’initiative d’aider à la fabrication des jouets. Le barbu peu bavard et bougon observait ses moindres gestes.

Au bout de 2 semaines à peine, la maison était devenue charmante et douillette. Lorsqu’arrivait l’heure des repas, le Père Noël commença à parler un peu et même à complimenter Nora sur ses talents de cordon bleu. Il se surprit aussi à trouver beaucoup de charme à ce petit bout de bonne femme.

Peu à peu, la complicité s’installa entre eux. Chaque jour, Nora, dont la douceur ne laissait plus le gros barbu indifférent, travaillait avec sérieux et soin. Elle préparait de bons petits plats, des cookies, du chocolat chaud, faisait la lessive, le repassage, apportait ses soins aux rennes et briquait les jouets tout neufs.

Bientôt, le grand jour de Noël arriva et cette année là, pour la première fois depuis ses débuts, le Père Noël se sentit soutenu et heureux. Lui qui avait été si seul pendant tant d’années…

Juste avant de prendre la route pour la grande distribution, il prit les mains de Nora dans les siennes :

- Je vous prie de m’excuser pour cet accueil peu sympathique, il y a quelques semaines. Je sais que je ne suis pas toujours facile à vivre mais je vous remercie d’être restée, Nora. Votre présence m’est très précieuse désormais et j’aimerais que vous ne me quittiez plus.

Alors, il lui donna un tendre baiser. Nora devint rouge pivoine et sentit son cœur battre la chamade. Ils se regardèrent en souriant.

- Demain, nous passerons le plus beau des Noëls ensemble, lui dit-il.

Puis il grimpa dans son traîneau et fila à toute allure emporté par les rennes.

Cette nuit-là, devant le feu de cheminée crépitant, Nora attendit son retour. Ses deux petites amies souris étaient lovées sur ses genoux. Elle pensa qu’elle avait fait le bon choix et que c’était incroyable d’avoir trouvé l’amour en la personne du Père Noël. Elle se promit de faire part de son tout nouveau bonheur à ses deux amies Chantal et Karl.

Et depuis ce fameux 24 décembre 1974, le monde magique et la terre ne possèdent plus seulement un Père Noël mais un Père et une Mère Noël !
Muriel J. le 29/10/2014
Ce conte est dédié à Chanchan et à son gros nounours.



2 commentaires:

François a dit…

A la lecture de ces jolis contes, on fait un bon dans le passé, et l'on revisite son enfance, avec ses frissons, ses peurs et ses émerveillements. Quel délice! Finalement n'est-ce là que se trouve la vraie magie de Noël? Dans les contes qui sont capables de provoquer chez le lecteur l'évocation des lumières d'autrefois.

"Le Bonhomme Hiver" et "Nora à la rencontre du monde magique" sont en l'espèce une véritable réussite et atteignent leur but. Je dois confesser un coup de cœur pour "Le Journal de Fouettard" qui explore une face un peu plus sombre de Noël, le côté obscur qui habite chacun d'entre nous. Ce conte recèle une profondeur; il nous parle un peu plus de nous mêmes, car nous avons tous un côté Père Fouettard et un côté Père Noël.

Bravo pour ces merveilleux contes Muriel :-)

Muriel, assistante du Père Noël a dit…

Bonjour François, je viens seulement de prendre connaissance de votre commentaire (plus d'un an de retard, j'ai fait fort tout de même !). Je vous en remercie et cela me va droit au cœur.