02. La vraie histoire du Père Noël

Le Père Noël moderne, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est né en 1822 sous la plume d'un pasteur New-Yorkais. Il s'inspira d'un St Nicolas venu d'Europe avec les 1ers colons Hollandais au 17ème siècle. Mais, les lointains ancêtres du Père Noël viennent d'époques et d'horizons très différents. Tout d'abord des mythologies antiques, puis du monde Chrétien et enfin du folklore. Une idée reçue tenace voudrait que le Père Noël et sa couleur soient une invention récente d'une célèbre marque de soda mais il n'en est rien ! L'arbre généalogique du bonhomme à l'habit rouge remonte à la nuit des temps. Alors, oublions un instant que, de nos jours, il est malheureusement utilisé à des fins commerciales, pour revenir à ses origines profondes, mystérieuses mais aussi magiques et merveilleuses. 


LES ANCETRES DU PERE NOEL


Son ancêtre de la mythologie païenne primitive : le dieu de la nature et du renouveau Herne (ou Cernunnos). Représenté comme un homme portant des cornes, il apparaissait au solstice d'hiver muni d'un sac qu'il vidait en signe d'abondance. Dispensateur de richesse, il favorisait la fécondité. Dans les pratiques chamaniques ancestrales (en Sibérie par exemple), le chamane se présentait comme un intermédiaire entre les humains et les esprits de la nature. Il avait une place importante au sein de sa communauté. Pour entrer en contact avec les esprits, afin de ramener des présents, tels que force ou guérison, à sa communauté, il se coiffait de cornes et pratiquait des transes grâce à la fumée de l'âtre de son habitation (qui deviendra plus tard une cheminée). Beaucoup plus tard, le chaman sera appelé sorcier et considéré, à tort, comme maléfique.
  
Ses ancêtres de la mythologie païenne occidentale d'il y a 3000 ans avec les dieux donateurs :

Odin (appelé aussi Wotan) vénéré en Scandinavie : cet imposant dieu barbu vivait dans le royaume d’Asgard et chevauchait un cheval à 8 pattes nommé Sleipnir. Il était principalement fêté autour du 21 décembre et le peuple lui faisait de nombreuses offrandes. On offrait aussi à son cheval des bottes de foin. La particularité d’Odin est qu’il envoyait régulièrement sur terre des corbeaux pour surveiller la conduite de son peuple. Puis, il récompensait les enfants sages au moment du solstice d’hiver ou laissait une poignée de cendres aux garnements. La légende de la chasse sauvage lui est rattachée. Au cours de cette chasse nocturne, il se déplaçait en char volant (sans doute l’ancêtre du traîneau) accompagné de cavaliers spectraux. Son fils Thor était également présent dans un traîneau tiré par des boucs. Cette chasse sauvage représente la mort d’un cycle et le démarrage d’un nouveau, c'est à dire le passage d'une année à une nouvelle. Un autre fils d'Odin nommé Heimdal était le gardien du pont qui se trouvait entre le monde des hommes (Midgard) et le monde des Dieux (Asgard). Il vivait dans un château situé au nord. Ces 3 Dieux vont donner les principales caractéristiques du Père Noël actuel.




Mikoula vénéré en Russie : il était le dieu des moissons mais il était aussi présent en fin d’année pour récompenser les enfants sages.






Gargan chez les Celtes : ce géant au gros ventre était connu pour donner des cadeaux aux enfants sages au moment du solstice d’hiver. 



Strénia et Saturne vénérés à Rome en Italie : lors des « saturnales » (grandes fêtes romaines dédiées au dieu de l’agriculture Saturne), les normes sociales étaient chamboulées pour la durée du mois de décembre. On appelait ce temps « les libertés de décembre » ou « libertas decembris ». Au cours de ces fêtes, pour garder la santé, on honorait la déesse Strénia dont le nom signifie « présage ». Les riches Romains s’offraient des présents en son nom duquel est d’ailleurs tiré le mot « étrennes ». Il est à noter que les Saturnales donneront au moyen âge, en France, « la fête des fous ». Le don du Père Noël de résister au feu pourrait avoir été transmis par Jupiter (Zeus chez les Grecs), le fils de Saturne.

Tous ces dieux étaient célébrés vers la fin décembre, au moment du solstice d’hiver afin de fêter la renaissance du jour, période qui deviendra par la suite : Noël. Voir les détails ici
 

Ses ancêtres issus du folklore des différents pays au travers des personnages magiques des croyances populaires :


La Befana en Italie : dont le nom est dérivé du mot "épiphanie", est une vieille femme souriante ressemblant à une sorcière et se déplaçant sur un balai. Dans la nuit du 5 au 6 janvier, elle dépose des friandises aux enfants sages qui auront pris soin d'accrocher une chaussette près de la fenêtre. Pour les garnements, elle distribue du charbon. (De nos jours, c'est une sucrerie à base de réglisse). 

Comme dans la légende de Babouchka en Russie, la Befana aurait rencontré les Rois mages qui partaient pour Bethléem. Ils lui demandèrent leur chemin et lui proposèrent de les accompagner. Elle refusa mais regretta bien vite. Elle se mit alors en chemin avec un sac de friandises pour retrouver les 3 Rois. Ne les retrouvant pas, elle décida d'offrir ses sucreries à tous les enfants rencontrés en chemin.







Le Bonhomme Hiver ou Père Janvier en France : est un vieux bonhomme qui personnifie la saison hivernale. En Russie, ce personnage hivernal se nomme Ded Moroz. Il a une longue barbe blanche et un manteau bleu brodé d'argent. Il se déplace en troïka à 3 chevaux. Tous deux distribuent des cadeaux à la date du 1er janvier. Aux USA, ce personnage hivernal s'appelle Jack Frost et prend les traits d'un jeune lutin espiègle. 




Tante Arie en France : ce personnage mi-fée mi-sorcière ayant des pattes d’oiseau et des dents de fer apportait autrefois des cadeaux aux enfants sages dans quelques régions de France.

Le Jultomte (Suède), le Julenisse (en Norvège) et le bouc Julbock : 
En Scandinavie, le Père Noël prend les traits d'un lutin et se déplace à dos de bouc. Il délivre des cadeaux aux enfants en passant par la porte car il n’apprécie guère la cheminée. Au passage, il mange le bol de riz au lait (avec une noix de beurre) préparé juste pour lui.



Babouchka en Russie : est une vieille dame généreuse. Sa légende raconte qu'elle croise les rois mages alors qu'elle ramasse du bois dans la forêt. Les 3 rois lui proposent de venir adorer l’enfant Jésus mais elle refuse. Regrettant bien vite sa décision, elle se met à leur recherche. Et c’est ce personnage personnifiant l’errance qui apportait autrefois les cadeaux aux enfants de Russie. 




Father Christmas en Angleterre : habillé de vert et portant une couronne de houx, il est probablement inspiré d’une figure druidique. Il était autrefois appelé « Sir Christmas » ou « Old winter » et était l’annonciateur du retour du prochain printemps. On le retrouve régulièrement à l’époque victorienne (1837 à 1901) notamment dans les écrits de Charles Dickens.



Ses ancêtres venus du monde Chrétien : 

Les Rois Mages : ces 3 rois, venus adorer Jésus le 6 janvier, auraient été guidés par une étoile annonciatrice de la naissance d’un messie. Ils sont porteurs de cadeaux : Gaspard représentant l’Asie apporte l’encens, Melchior représentant l’Europe apporte l’or et Balthazar représentant l’Afrique apporte la myrrhe. Ce sont les 1ers donateurs de la religion chrétienne. Une légende dit qu’il existerait un 4ème roi mage : à lire en bas de page ici 

L’enfant Jésus ou Christkindel (parfois représenté par une jeune femme vêtue de blanc). Vers 325, l’empereur chrétien Constantin, fixe la date de naissance de Jésus au 25 décembre. C’est un choix politique qui a pour but de faire disparaître les cultes païens. Au moment de la réforme protestante (vers 1520) St Nicolas, devenu indésirable, est remplacé par l'enfant Jésus dispensateur de cadeaux. C’est le Christkindel qui inspira le second nom du Père Noël américain : Kris Kringle.







Les Anges : ils prêtaient main forte à l’enfant Jésus en distribuant les cadeaux par les cheminées.











Sainte Lucie : très fêtée en Suède, elle symbolise la lumière (la renaissance du jour). Elle est la patronne des enfants et leur apporte des cadeaux.





L’évêque Saint Nicolas. Ce dernier est le plus important des ancêtres du Père Noël. Son histoire à lire ici  

Au cours des 3 premiers siècles de notre ère, la religion chrétienne naissante était en compétition avec le culte du Dieu Mithra originaire de Perse. Dans ce culte, le 25 décembre était fêté le « Sol invictus » (Soleil invaincu). Cette renaissance du soleil était représentée par un nouveau-né. Au IVème siècle de notre ère, lorsque la religion Chrétienne prit le dessus, grâce au pape Liberius et sous le règne de l'empereur Constantin, le sol invictus fut remplacé par la naissance de Jésus.


LA NAISSANCE DU PERE NOEL MODERNE LE 24/12/1822

Au moyen âge, St Nicolas (Sint Niklaas ou Sinter Klaas)


gâtait les enfants sages hollandais, le jour de sa fête, le 6 décembre. Vers 1520, le réformateur protestant Allemand Martin Luther voulut éradiquer les Saints (très ancrés dans la culture européenne) afin de concentrer le culte sur l’enfant Jésus. C’est à ce moment qu’apparut le Christskindel, c’est à dire l’enfant Jésus apportant des cadeaux pour remplacer St Nicolas. Le culte de St Nicolas s’amenuisa peu à peu mais resta vivace en Hollande. Alors, au 17ème siècle, il embarqua avec les premiers émigrants vers le nouveau monde et devint Santa Claus.


Dans la tradition européenne, Saint Nicolas montait sur les toits pour faire descendre les cadeaux par la cheminée. Sa légende fut enjolivée en 1809 par l’écrivain américain Washington Irving.

Il évoqua pour la 1ère fois la façon dont il se déplaçait dans les airs dans sa fiction satirique intitulée « Knickerbocker’s history of New York ». Puis, fut écrit par le pasteur Arthur J. Stansburry et publié en 1821 un poème intitulé « The children’s friend » dans lequel l'auteur parle pour la 1ère fois d’un traîneau tiré par un renne. Enfin, le 24 décembre 1822, le pasteur New-Yorkais Clement Clarke Moore 




écrivit un poème pour ses enfants qu’il intitula «A visit from St Nicholas» et mieux connu sous le nom de «The night before Christmas» à lire ici
Il fit basculer la date de visite de St Nicolas du 6 au 24 décembre et décrivit ce dernier comme un vieux lutin rondouillard et jovial ayant perdu ses attributs épiscopaux, passant par les cheminées pour distribuer des cadeaux et se déplaçant grâce à un traîneau tiré par 8 rennes volants. Voir leurs noms ici


Ce poème paraîtra l’année suivante (en décembre 1823) dans une gazette de New York et obtiendra un large succès. La population non croyante de l’époque va alors s’emparer de ce personnage pour en faire «son» personnage laïc de Noël.
Et c’est ce personnage laïc qui revient en Europe en passant par la Hollande et sera rebaptisé «Père Noël», en France. Il se développera essentiellement après la seconde guerre mondiale lorsque les Etats-Unis, apportant Santa Claus et leur culture, viendront aider à reconstruire l’Europe. En 1946, la chanson « Petit Papa Noël » de Tino Rossi donnera un très fort engouement pour le personnage.



En conclusion, le Père Noël est une synthèse de tous ces dieux et personnages évoqués ci-dessus.


SES PREMIERES REPRESENTATIONS MODERNES


Thomas Nast, immigré d’origine Bavaroise, est un célèbre caricaturiste Américain et le dessinateur attitré du journal « Harper’s weekly ». Vers 1860, il fait les premières représentations modernes du Père Noël, directement inspirées du poème de Clement Clarke Moore et ressemblant au grand-père bavarois de son enfance. Il le représente de petite taille à la façon d’un gnome et le popularise en tunique rouge, bottes noires et portant un baluchon. En 1885, il invente la maison du Père Noël au pôle nord dans une illustration représentant 2 enfants repérant sur une carte le trajet depuis le pôle.



En 1886 l’écrivain Américain George P Webster reprend l’idée de Thomas Nast et installe l'usine à jouets du Père Noël au centre de l'inhospitalier pôle nord.
Vers le début du 20ème siècle la mitre de St Nicolas devient un bonnet et la crosse devient un sucre d’orge géant.


La hotte du Père Noël Français aurait pour origine les hottes Européennes de transport des marchandises. Elle fut un temps un objet peu sympathique puisque elle était utilisée par le « Père Fouettard » pour emmener avec lui et punir les enfants récalcitrants. Quand St Nicolas s’est transformé en Père Noël laïc, la hotte est devenue le mode de transport des cadeaux.

Lorsque les immigrés Européens partirent à la conquête du nouveau monde, plutôt que d'emporter avec eux la hotte de marchandises, ils préférèrent un sac de toile moins encombrant pour prendre le bateau. C'est probablement pour cela que le Santa Claus Américain n'utilise pas une hotte mais un baluchon de toile.

La hotte peut être considérée comme une corne d'abondance. Elle se remplit à volonté. Une légende Grecque raconte que Zeus emprunta à la chèvre Amalthée sa nourrice une de ses cornes devenue ensuite la corne d'abondance.




LE PERE NOEL D'UNE CELEBRE MARQUE DE SODA

Des années 1930 à 1960 une firme, dont vous aurez aisément deviné le nom, a contribué à populariser le Père Noël dans le monde entier grâce aux publicités créées par le talentueux dessinateur Haddon Sundblom (1899 -1976). Contrairement à Thomas Nast, Haddon Sundblom donne une taille humaine au Père Noël. Il n’est plus représenté comme un lutin ou un gnome mais comme un bon vieux grand-père.

Toutefois, cette célèbre marque n'a aucunement inventé le Père Noël et n'est pas non plus à l'origine de sa couleur rouge.



POURQUOI LE PERE NOEL EST-IL VETU DE ROUGE ?

Voici une théorie : St Nicolas était un évêque et portait une tunique violette. Au-dessus de l’évêque, il y a le cardinal. Le Père Noël porterait donc du rouge pour se trouver hiérarchiquement au-dessus de St Nicolas. C’est, en quelque sorte, une façon de le détrôner !

Traditionnellement, la couleur rouge est considérée comme sacrée et magique. Elle représente à la fois la vie et la mort. C’est aussi le symbole d’une fonction royale. Pourrait-on dire que le Père Noël est un roi ? (roi de la fête).


LA FIN D'UNE CROYANCE... UN RITE DE PASSAGE...

On peut penser que la fin de la croyance s'apparente à un rite de passage. C'est le 1er pas de l'enfance vers l'âge adulte.


LA MISE A MORT DU PERE NOEL EN 1951

En France, en 1951, dans la ville de Dijon, l’Église qui n’appréciait guère le Père Noël, récemment importé des USA, eut l’idée de le faire « exécuter ».Les enfants de la paroisse furent rassemblés sous le porche d’une église ou un Père Noël de papier et chiffon fut brûlé tel un roi de carnaval. Le but de cette mise à mort sur le bûcher était de faire comprendre aux enfants que Noël était fait pour célébrer la naissance de Jésus et que le Père Noël était un mythe païen n’ayant rien de commun avec cette fête.Ceci provoqua un tel scandale (faisant la « une » des journaux nationaux) que dès le lendemain, les élus de Dijon durent s’excuser auprès de la population en faisant réapparaitre le Père Noël sur le toit de la mairie.

De ce fait, le Père Noël a été confirmé dans son origine païenne.

Photo parue dans les journaux de l’époque :


Suite à cette "mise à mort", Claude Levi-Strauss, le célèbre ethnologue (1908-2009) écrira : "L'église n'a certainement pas tort quand elle dénonce, dans la croyance du Père Noël, le bastion le plus solide, et l'un des foyers les plus actifs du paganisme chez l'homme moderne. Reste à savoir si l'homme moderne ne peut pas défendre lui aussi ses droits d'être païen".

LE PERE NOEL DE GEORGE SAND

En France, le Père Noël existait et portait déjà ce même nom avant même qu'il ne prenne ses traits définitifs (sa naissance "officielle") en Amérique entre 1822 et 1860. Sous ses traits Américain, il fait ses 1ères apparitions vers 1897 et n'est vraiment popularisé qu'après la seconde guerre mondiale et l'aide de la chanson de Tino Rossi. Mais, sous des physionomies quelque peu différentes  (grand père façon lutin par exemple), il existe déjà. Il est même évoqué par l'écrivaine George Sand en 1856 dans un texte parlant de son enfance vers 1810. Voici ce qu'elle écrit :


« Ce que je me rappelle parfaitement, c’est la croyance absolue que j’avais à la descente par le tuyau de la cheminée du petit père Noël, bon vieillard à barbe blanche qui, à l’heure de minuit, devait venir déposer dans mon petit soulier un cadeau que j’y trouverais à mon réveil. Minuit ! cette heure fantastique que les enfants ne connaissent point, et qu’on leur montre comme le terme impossible de leur veillée ! Quels efforts incroyables je faisais pour ne pas m’endormir avant l’apparition du petit vieux ! J’avais à la fois grande envie et grand peur de le voir ; mais jamais je ne pouvais me tenir éveillée jusque-là, et le lendemain mon premier regard était pour mon soulier au bord de l’âtre. Quelle émotion me causait l’enveloppe de papier blanc ! car le père Noël était d’une propreté extrême, et ne manquait jamais d’empaqueter soigneusement son offrande. Je courais, pieds nus, m’emparer de mon trésor. Ce n’était jamais un don bien magnifique, car nous n’étions pas riches. C’était un petit gâteau, une orange, ou tout simplement une belle pomme rouge. Mais cela me semblait si précieux, que j’osais à peine le manger. L’imagination jouait encore là son rôle, et c’est toute la vie de l’enfant. Je n’approuve pas du tout Rousseau de vouloir supprimer le merveilleux, sous prétexte de mensonge. La raison et l’incrédulité viennent bien assez vite, et d’elles-mêmes ; je me rappelle fort bien la première année où le doute m’est venu, sur l’existence réelle du père Noël. J’avais cinq ou six ans, et il me sembla que ce devait être ma mère qui mettait le gâteau dans mon soulier. Aussi me parut-il moins beau et moins bon que les autres fois, et j’éprouvais une sorte de regret de ne pouvoir plus croire au petit homme à barbe blanche. J’ai vu mon fils y croire plus longtemps ; les garçons sont plus simples que les petites filles. Comme moi, il faisait de grands efforts pour veiller jusqu’à minuit. Comme moi, il n’y réussissait point, et comme moi, il trouvait au jour le gâteau merveilleux pétri dans les cuisines du paradis. Mais pour lui aussi la première année où il douta fut la dernière de la visite du bonhomme. Il faut servir aux enfants les mets qui conviennent à leur âge et ne rien devancer. Tant qu’ils ont besoin de merveilleux, il faut leur en donner. Quand ils commencent à s’en dégoûter, il faut bien se garder de prolonger l’erreur et d’entraver le progrès naturel de leur raison. » 


NOEL ET CHARLES DICKENS


Difficile de parler de Noël sans évoquer Charles Dickens. Ce romancier Anglais né au 19ème siècle (1812-1870), en pleine époque Victorienne, fut un ardent défenseur des droits des enfants, lui-même ayant dû travailler extrêmement jeune.

Rappelons d'abord qu'au 17ème siècle, un important homme politique Anglais, Oliver Cromwell (1599-1658), soutint le réforme protestante et fit tout son possible pour éradiquer Noël. Donc, lorsque nait Charles Dickens en 1812, Noël a quasiment disparu. 

On considère aujourd'hui que c'est grâce aux écrits de Dickens que la fête de Noël a pu renaître en Angleterre ! Notamment avec "Les contes de Noël" et plus particulièrement avec "A Christmas carol" (Un chant de Noël).

Dans ses récits, l'écrivain dépeint les très difficiles conditions de travail des enfants et met en scène les orphelins des rues. Dans "Un chant de Noël", on découvre Ebenezer Scrooge, homme odieux et terriblement avare qui va, grâce à l'intervention de plusieurs esprits (esprit des Noëls passés, esprit du Noël présent et l'esprit des Noëls à venir), découvrir le véritable sens (esprit) de Noël : la bonté, la générosité, l'amitié, le partage…




 Ce conte écrit en 1843 eut un succès retentissant en Angleterre (mais aussi outre Atlantique) et relança un engouement extrêmement important pour cette fête et lui redonna sens et valeurs.


Il est à noter que le personnage "esprit du Noël présent" est fort ressemblant au Father Christmas (Père Noël) Anglais.



Sources et références consultables en rubrique "sources" page 21 de ce blog.


9 commentaires:

Emie a dit…

Merci beaucoup pour ce bel article qui est passionnant.

Muriel, assistante du Père Noël a dit…

Merci Emie. J'ai construit cet article après beaucoup de recherches.

L'assistant du père Noël a dit…

Trop belle article

Muriel, assistante du Père Noël a dit…

Merci Assistant du Père Noël.

Liber Scriptus Proferetur a dit…

Le père Noël a longtemps été un étranger pour moi. C'était le gars qui apportait les cadeaux dans le pays d'à côté. Chez nous, c'était St Nicolas, le vrai, avec tout l'attirail de l'évêque, qui passait le 6 décembre pour apporter des jouets et des bonbons. Selon l'antique coutume continentale, les adultes s'offraient leurs cadeaux le 1er de l'an, aux étrennes. Les cadeaux à Noël était étranger à la culture locale dans mon enfance.


Devenue adulte, je me suis demandée d'où venait l'autre personnage et je suis tombée sur la légende de Moore. Mais par la suite, je me suis rendu compte que c'était bien plus complexe que ça.


Odin n'est pas à la tête d'une chasse sauvage, c'est une jolie histoire inventée par les frères Grimm.


On trouve, au Moyen-Age, des personnifications du temps ou des fêtes, Messire Noël, Sir Christemas ... mais ce ne sont pas des distributeurs de cadeaux.


Par contre, il y a des régions où St Nicolas disparaît au cours des temps, peut-être à cause du protestantisme et où il est remplacé par son double pas sympa, notre père fouettard, qui, du coup, devient moins effrayant : Knecht Ruprecht, Belsnickel.


Aux Pays-Bas, dans les régions calvinistes, c'est le personnage de Sinterklaas lui-même qui mute et qui se change en une espèce de croquemitaine. Il ne recouvra ses attributs épiscopaux sur tout le territoire néerlandais qu'à la fin du XIXe.


Si les colons hollandais ont importé Sinterklaas en Nouvelle-Amsterdam, qui deviendra NY, ce n'est pas un évêque qu'ils avaient dans leurs bagages mais un Arlequin, un Croquemitaine, qui, une fois par an, au lieu de faire peur aux garnements, ne manquaient pas de récompenser les gentils


Aux termes de longues recherches personnelles, dans des documents écrits aussi dans d'autres langues ^^ je suis convaincue que le Père Noël est la fusion de plusieurs personnages : personnifications d'une époque de l'année (bonhomme hiver, père Janvier) reconversion de Croquemitaines ou pères fouettard divers, survivance de porte à porte masqué aux changements de saisons remontant à la nuit des temps et une touche de St Nicolas


Je ne pense pas que ses origines soit liées à des divinités antiques. A l'exception des personnages de type croquemitaine qui incarnent la peur du noir, de la mort, une mort qui emportaient les plus faibles quand l'hiver approchait


Joyeux temps de la Nativité et heureuse année nouvelle.

Muriel, assistante du Père Noël a dit…

Bonjour Liber Scriptus Proferetur, je vous souhaite également une très belle année 2022. Merci de toutes vos précisions. Il est vrai que l'histoire du Père Noël est extrêmement complexe. Peut-être aime-t-il à brouiller les pistes pour mieux garder ses secrets ? Une chose est certaine, il est le résultat d'un mélange de personnages venant d'époques et d'horizons bien différents.

Auriez-vous la gentillesse de me laisser les références des sources que vous avez consultées concernant Messire Christmas ainsi que la chasse sauvage des contes des frères Grimm ? Merci d'avance.



Liber Scriptus Proferetur a dit…

Bonjour
Concernant Odin https://www.youtube.com/watch?v=FLN61SyMf1E à partir de 22:26
Concernant l'évolution du personnage en Angleterre : https://www.english-heritage.org.uk/christmas/the-history-of-father-christmas/
et la page Wikipedia https://en.wikipedia.org/wiki/Father_Christmas#Early_midwinter_celebrations
L'évolution de Sinterklaas (St Nicolas) aux Pays-Bas https://nl.wikipedia.org/wiki/Sinterklaas#Van_boeman_tot_kindervriend (je n'ai pas de problèmes pour lire le Ndls, la traduction de Google pourrait être un peu boiteuse !)
Washington Irving réinvente le folklore new-yorkais avec une légende sortie tout droit de son imagination : https://hudsonvalley.org/article/how-washington-irving-introduced-americans-to-santa-claus/
Après la guerre d'indépendance, il y a eu un mouvement pour renouer avec les racines hollandaises de NY puisque au point de départ la ville s'appelait Nouvelle Amsterdam.
https://www.neh.gov/humanities/2016/fall/feature/how-washington-irving-shaped-christmas-in-america
Sur cette image, vous pourrez voir Knecht Ruprecht (père fouettard allemand) avec l'enfant Jésus : https://nl.wikipedia.org/wiki/Bestand:Knecht_Ruprecht_und_das_Christkind.jpg
Je suis sûre que l'image vous rappellera quelque chose !
Ce à quoi ressemble le Père Noël en France en 1914 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Pere_noel_1914.jpg
La première mention du mot Weihnachtsmann en langue allemande : https://german.stackexchange.com/questions/8901/woher-stammt-der-weihnachtsmann

Bonne continuation !

Muriel, assistante du Père Noël a dit…

Merci bien de toutes ces références. De la lecture et du visionnage en perspective.

Liber Scriptus Proferetur a dit…

Je viens de trouver quelque chose d'intéressant au sujet de Mithra. Je savais depuis longtemps qu'il s'agissait d'une légende urbaine, mais j'en ignorais l'origine.
Je viens de la trouver ici :
https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10029/mithra/

"Mithra et Jésus
Dans une tournure intéressante, cette affirmation sera inversée des siècles plus tard lorsque des intellectuels français populariseront l'affirmation que le christianisme est une copie du mithraïsme et que le Christ n'a jamais existé. Cette affirmation fut reprise depuis sous diverses formes, mais les arguments essentiels sont que Mithra est le modèle pour la création ultérieure du personnage de Jésus-Christ et que, comme le "Jésus ultérieur", Mithra était né le 25 décembre d'une vierge et reçut la visite de mages, eut douze disciples, célébra une "Cène" et mourut sur une croix. Aucune de ces affirmations n'a le moindre fondement.

La dite théorie du mythe du Christ fut popularisée, sinon inventée, par deux universitaires français au 18e siècle de notre ère - Charles François Dupuis (1742-1809) et Constantin François Chasseboef de Volney (1757-1820). Dupuis était professeur de rhétorique au Collège de Lisieux, à Paris, et de Volney était philosophe et orientaliste. Dans la ferveur de la Révolution française de 1789, de nombreux révolutionnaires dénoncèrent le christianisme - et plus particulièrement le catholicisme - en tant que mythe qui avait favorisé l'ascension des classes supérieures au détriment des classes inférieures. L'Origine de tous les cultes de Dupuis, publié en 1794 en 13 volumes popularisa les affirmations ci-dessus ainsi que beaucoup d'autres, mais il s'agissait d'affabulations d'écrivains anti-chrétiens/pro-révolutionnaires avançant leur propre programme.

Il n'y a aucune preuve que Mithra - ni même Jésus d'ailleurs - soit né le 25 décembre. Mithra est représenté comme émergeant d'un rocher, jamais comme un enfant, ni associé de quelque manière que ce soit à une naissance virginale ou à la visite de mages. Mithra n'est jamais représenté avec des disciples, n'a pas célébré de "Cène" et n'est pas mort sur une croix - en fait, il n'existe aucune représentation de Mithra en train de mourir.

Le fait que les affirmations de Dupuis et de Volney soient des mensonges purs et simples ne les a cependant pas empêchées d'être répétées par des écrivains et des experts anti-chrétiens depuis l'époque de la publication de 1872 jusqu'à aujourd'hui. Ces dernières années, ces affabulations ont été popularisées par Zeitgeist : The Movie (2007) dans la première partie basée sur le livre The Christ Conspiracy : The Greatest Story Ever Sold d'Acharya S (nom de plume de Dorothy Milne Murdock, 1960-2015), et le documentaire irrévérencieux Religulous (2008) dans lequel le comédien Bill Maher répète ces affirmations comme des vérités évidentes et bien établies."