06. Croire ou ne pas croire au Père Noël ?




Croire ou ne pas croire au Père Noël, telle est la question ?

Je commencerais par citer mon ami Jean-Claude Baudot, grand collectionneur et spécialiste du Père Noël et de ses ancêtres : « Croire au Père Noël, c’est croire en sa bonne étoile et en tout ce qui est positif et gai dans la vie ». Je suis de la même opinion.

Certains parents, qui semblent être minoritaires, choisissent de ne pas perpétuer cette croyance auprès de leurs enfants. Choix tout à fait respectable et recevable même si je trouve cela triste et j’irais même jusqu’à dire dommageable.

Je m’explique… La croyance au Père Noël est un mensonge collectif ou du moins un récit trompeur afin de faire adhérer à une croyance, or, nous élevons nos enfants en leur apprenant à ne pas mentir, tricher, voler… Toutefois, cette croyance apporte du merveilleux, de la magie et de la joie partagée avec les adultes qui ont la sensation de replonger en enfance. De plus, n’est-ce pas une croyance bénéfique pour développer l’imaginaire ? Les enfants n’aiment-ils pas s’imaginer en super-héros aux pouvoirs fantastiques ou se plonger dans les contes tels que ceux de Charles Perrault ou des Frères Grimm ?

Ce mensonge rituel très élaboré et bienveillant est perpétué afin de faire plaisir en rendant la fête merveilleuse. Et finalement, n’aurait-t-il pas une certaine utilité ? Ne servirait-il pas dans l’éducation ? Comme par exemple mentir pour éviter de faire de la peine à un proche. C’est peut-être aussi une leçon de vie ? Les enfants, lorsqu’ils apprennent la vérité, développent leur réflexion personnelle en aidant à former leur esprit critique. Dans la perte de la croyance, souvent bien vécue, il y a une dimension de rite de passage et l’enfant qui « sait » devient gardien du secret pour les plus jeunes.

Plusieurs personnalités célèbres ont été d’ardents croyants : George Sand (écrivaine 1804 - 1876), J.R.R Tolkien (écrivain 1982 - 1973), Claude Levi-Strauss (anthropologue 1908 - 2009), Jean Cocteau (cinéaste et poète 1889 - 1963), Françoise Dolto (pédiatre et psychanalyste 1908 - 1988) mais aussi un journaliste américain, Francis P. Church qui, en 1897, donna sans doute la meilleure raison de croire au Père Noël en répondant à la lettre d’une enfant de huit ans qui doutait. Voici un très court extrait de sa réponse : « Oui, le Père Noël existe. Il existe aussi certainement que l’amour, la générosité et le dévouement existent ».

Dans un monde instable qui évolue à toute vitesse, j’ai le sentiment qu’il ne faut pas priver les enfants de magie et de rêve. Alors, plus que jamais, je crois au Père Noël !

Ma définition du Père Noël : Symbole d'amour et de partage, il est la joie et la bonté. Généreux, il apporte la magie dans nos vies parfois troublées. Il nous empêche de grandir trop vite et nous apporte l'émerveillement. Il représente l'amour que les parents portent à leurs enfants. Pour moi, pas de Père Noël commercial mais un donneur de rêves, pas un mensonge mais la féérie qui nous construit.



Croyez en moi :


Certains racontent que je n’existe pas parce que je suis un mythe.

Objectivement, je ne comprends pas : est-ce qu’on peut dire sérieusement qu’Apollon, Jupiter, Vénus, Cupidon, Minerve et…les autres n’ont pas d’existence propre ?

La mythologie antique, qu’elle soit Egyptienne, Grecque ou Romaine, était peuplée de mythes. Et ce n’est pas parce que qu’ils sont « morts », et que je me retrouve quasiment seul, que je suis inexistant !

J’ai pleinement conscience que j’existe ; j’en suis certain ; je tiens à l’annoncer haut et fort pour qu’on ne doute plus de moi. Je me donne tout de même assez de mal le 24 décembre pour qu’on croie au Père Noël. Je vais même jusqu’à apporter des hottes de cadeaux à des millions d’enfants goguenards qui « n’y croient plus », et aussi à des parents, des grands parents, des personnes âgées ; ils reçoivent tous une preuve tangible de mon passage. Je réponds à des milliers de lettres…Je suis omniprésent. J’orchestre tout. Il faut se rendre à l’évidence, tous ces gestes gratuits (je suis généreux dans l’âme) ont bien un auteur, un responsable comme on dit maintenant. En vérité, je vous le dis : c’est Moi.

 J’espère que vous avez suivi mon raisonnement : au cas où un petit doute morose subsisterait encore dans votre esprit chagrin, souriez, car j’ai gardé le meilleur argument pour la fin : »je pense donc je suis ». Bref, c’est bien avec moi que vous dialoguez en ce moment. Croyez en moi.

Le Père Noël

(Prologue extrait du livre « Le Père Noël par le Père Noël » avec l’aimable autorisation de son auteur Jean-Claude Baudot) 


    



Le courrier de Virginia O'Halon : 

 En 1897, Virginia O’Hanlon écrivit au journal « New York Sun » :

Cher Directeur, j’ai 8 ans. Certains de mes amis prétendent que le Père Noël n’existe pas. Papa dit « Si tu le vois dans le sun, c’est vrai ». S’il vous plaît, dites-moi la vérité, le Père Noël existe-t-il ? 

Voici une partie de la réponse qui parut dans le journal :

Virginia, tes amis se trompent. Ils sont atteints par le scepticisme d’une époque sceptique. Ils pensent que rien ne peut exister qui ne soit pas compréhensible par leurs petits esprits. Tous les esprits, Virginia, que ce soit ceux d’adultes ou ceux d’enfants, sont petits. Dans ce grand univers qui est le nôtre, l’homme est un vulgaire insecte, une fourmi, de par son intellect mesuré au monde sans limites autour de lui ; il est un vulgaire insecte lorsqu’il est mesuré à l’aune (1) de l’intelligence capable de saisir l’intégralité de la vérité ou de la connaissance.
Oui, Virginia, le Père Noël existe. Il existe aussi certainement que l’Amour, la Générosité et le Dévouement existent, et tu sais qu’ils abondent et qu’ils donnent à ta vie sa beauté et sa joie suprême. Hélas ! Comme le monde serait lugubre si le Père Noël n’existait pas ! Il serait aussi lugubre que s’il n’existait aucune Virginia. Il n’y aurait alors plus de foi d’enfant, plus de poésie, plus de romance pour rendre tolérable cette existence. Nous n’aurions plus de plaisirs, sauf ceux des sens et de la vue.
Peut-on ne pas croire au Père Noël ? Personne ne le voit mais ce n’est pas un signe de sa non-existence. Les choses les plus réelles du monde sont celles que ni les enfants, ni les adultes ne peuvent voir. Personne ne peut concevoir ou imaginer toutes les merveilles qui existent, sans qu’on les voit, sans même qu’on puisse les voir.
Pas de Père Noël ! Dieu merci, il vit et il vit pour l’éternité. Et dans mille ans, Virginia, non, dans dix mille ans, il continuera de réjouir le cœur des enfants.
 
Francis P. Church, the New York Sun, 1897
(1) l’aune est une unité de mesure ancienne.




Un article intéressant


Père Noël : faut-il laisser ses enfants y croire ?

Nous avons tous cru au Père Noël. Mais d’où vient ce gros bonhomme en rouge ? Pourquoi mentir ainsi aux enfants, alors que nous leur apprenons à toujours être honnêtes ? A quel âge leur avouer la vérité ?

Dans toutes les civilisations occidentales, il y a eu un personnage offrant des cadeaux, et, pendant longtemps dans notre pays, les enfants fêtaient le Père Chemineau, déjà équipé de sa hotte mais affublé d’une sombre robe de bure. Le Père Noël actuel, joufflu, barbu, rouge et souriant, nous est venu directement des Etats-Unis après-guerre, avec le Plan Marshall. Mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit là d’un rite païen plutôt mal vu de l’église catholique : les pratiquants « purs et durs » ne le fêtent pas (ils honorent seulement la naissance du petit Jésus), et dans les années 50, l’évêché de Dijon le brûla vif (enfin, son effigie !) sur la place publique !

Faut-il absolument dire la vérité à ses enfants ?

Non. Les petits enfants vivent dans un monde mi-réel mi-imaginaire, peuplé de fées, de dragons, de chiens qui parlent, de fantômes et de héros de bandes dessinées… Leur besoin de merveilleux est une sorte de protection contre les dures réalités du monde extérieur, et il n’y a aucune raison de vouloir à tout prix les forcer à avoir « les pieds sur terre » quand ils sont petits ! Lui mentez-vous quand vous lui lisez un conte ou lui passez une cassette vidéo de dessins animés ?

C’est pourtant « dur à avaler » !

Certes, vous pensez que l’histoire du Père Noël est difficile à croire ! Pourtant, un gros bonhomme qui vit dans le ciel, se promène en traîneau tiré par des rennes, et apporte en une nuit des cadeaux à tous les enfants du monde, pour eux, cela n’a rien d’extraordinaire ! Pas plus que des cloches qui sèment des chocolats, ou des petites souris qui échangent une dent de lait contre une pièce sous leur oreiller ! En revanche, si l’enfant s’étonne de voir cinq Pères Noël d’affilée dans une rue commerçante, expliquez-lui que ce sont des gens qui se déguisent, et que le vrai, lui, ne vient que lorsque les enfants sont couchés.

Quand lui dire la vérité ?

On peut prolonger la magie tant que l’enfant « marche ». On distingue trois situations que vous pouvez avoir à affronter :

* Il est petit et un grand lui a affirmé que le Père Noël n’existait pas : si vous le sentez malheureux, rassurez-le et dites-lui que si certains n’y croient pas, vous y croyez et respectez cette tradition. Cela devrait le satisfaire.
* Il est plus grand, et commence à poser des questions : quand il commence à vous interroger, il a généralement déjà de très gros doutes… pour ne pas dire qu’il a tout compris ! S’il a 5-6 ans environ (l’âge habituel auquel il commence à ne plus y croire), il sera peut-être un peu déçu que vous confirmiez ses craintes… mais c’est mieux pour lui que de se sentir idiot parce que plus personne dans sa classe n’y croit.
* Il continue d’y croire à plus de six ans : il risque de se trouver un jour prochain ridicule car un camarade se sera moqué de lui et l’aura traité de bébé. Il risque alors de vous en vouloir. Et même s’il a envie d’y croire encore, il en sait sans doute au fond plus que vous ne le croyez… Commencez néanmoins à en parler au conditionnel, et à lui expliquer ce qui n’est pas possible (les vraies personnes ne peuvent pas voler dans le ciel avec un traîneau, elles ne peuvent pas descendre dans la cheminée…). Dans tous les cas, lorsque vous lui apprenez la vérité, profitez-en toujours pour l’intégrer dans une histoire familiale. Expliquez que vous aussi, vous y avez longtemps cru, que vous trouviez cela merveilleux et avez voulu reproduire cette magie avec lui. Faites lui comprendre qu’il ne doit rien dire à ses frères et sœurs plus jeunes, mais jouer le jeu, comme vous l’avez fait, et comme il le fera plus tard avec ses propres enfants. Il adorera se sentir affranchi et gardien d’un grand secret.


Article de Isabelle Delaleu sur « Doctissimo »

Sources et références consultables en rubrique "source" page 23 de ce blog.
 



















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